Entretiens

« Grâce à notre levée de fonds, nous allons imposer Climeet comme le calculateur de carbone événementiel de référence »

Après avoir réalisé une levée de fonds d'un million d'euros, Béatrice Eastham, CEO de Green Événements et désormais de Climeet, nous explique son projet pour accélérer la réduction de l'empreinte carbone de l'événementiel. 

Publié le 21/06/2023 à 15:13, mis à jour le 21/06/2023 à 16:21.

Béatrice Eastham
© DR

Il y a un an vous nous annonciez le lancement de la version bêta du calculateur carbone Climeet. Quel est le chemin parcouru depuis un an ?

La plateforme finalisée de Climeet est sortie en novembre 2022. A date, nous avons une trentaine d’organisateurs de salons qui sont abonnés à l’instar de Comexposium, GL events, ou encore RX France, des grands événements tels que le Festival de Cannes, ou encore des standistes et autres prestataires. Par ailleurs, nous notons un véritable engouement de la part des annonceurs et des marques pour notre outil. A titre d’exemple, Climeet est utilisé par L’Oréal, Axa, Moët Hennessy ou encore Decathlon.

Tout le monde a bien compris qu’il fallait véritablement accélérer pour suivre la trajectoire de réduction définie par les Accords de Paris.

Le sujet global de la RSE s’impose, avec en tête de pont des préoccupations les émissions carbones. Tout le monde a bien compris qu’il fallait véritablement accélérer pour suivre la trajectoire de réduction définie par les Accords de Paris. Les médias aussi se sont emparés de la thématique, et enfin la loi demande aux entreprises de connaitre et de maitriser leur bilan carbone sur le scope 1 et 2, à savoir les émissions directes. A partir du 1er janvier 2024, elles devront aussi connaitre leurs émissions indirectes de carbone, le scope 3, c’est-à-dire les prestations et toute la chaine d’achats. D’où des prestataires et des agences de plus en plus sollicités par les annonceurs, car désormais la thématique carbone concerne 100% de la chaine de valeur événementielle. Dernier point, dès l’origine Climeet a été conçu avec les professionnels de la filière, donc l’outil est parfaitement adapté à leurs besoins et se veut très simple d’utilisation.

Justement, le Festival de Cannes est emblématique de l’événementiel de grande envergure. Comment avez-vous opéré pour calculer son empreinte carbone ?

Dès 2021, nous avions initié notre calculateur avec le Festival de Cannes en mode test & learn, en procédant étape par étape afin de cartographier l’ensemble de ses émissions de carbone. Et d’année en année, nous aboutissons à une mesure de plus en plus fine, ce qui nous permet de piloter au mieux la réduction des émissions et de faire des demandes précises aux différents prestataires. Il est ainsi plus aisé de définir sur quels points les efforts seront anecdotiques, et là où ils seront pertinents et efficaces.

Dès l’année prochaine, nous allons faire des scénarios d’organisation pour permettre de faire directement des événements moins carbonés.

Il nous faut considérer les 3 cercles de l’impact carbone. A savoir les émissions dues à l’organisateur, celle du transport pour lequel il est moins facile d’agir puisqu’il n’est pas centralisé, et enfin le niveau des dépendances de l’événement comme les side events. Dès l’année prochaine, nous allons faire des scénarios d’organisation pour permettre de faire directement des événements moins carbonés. Pour l’organisateur, ce sont des questions certes organisationnelles, mais aussi totalement stratégiques dans la définition même des contours de l’événement.

Comment a évolué le modèle économique de Climeet ?

Nous avons réalisé une spin-off de Green Evénements dont résulte la création de la structure indépendante Climeet. J’étais en effet persuadée que cela avait du sens de créer un projet ambitieux autour de l’impact, projet qui définirait une norme de ce qu’est le calcul carbone d’un événement en France, mais aussi à l’international. Aussi j’ai réuni des personnes connaissant la filière événementielle mais aussi des gens très impliqués sur les sujets de transition et des profils incarnant la réussite dans la tech.

Ce sont greffés à ce projet 50 associés parmi lesquels le fondateur de BlaBlaCar Frédéric Mazzella, Cédric Ringenbach, le créateur de la Fresque du climat (...)

Ainsi, ce sont greffés à ce projet 50 associés parmi lesquels le fondateur de BlaBlaCar Frédéric Mazzella, Cédric Ringenbach, le créateur de la Fresque du climat, Pierre-Henri Guignard, le secrétaire général de la COP21 ou encore Isabelle Giordano. La levée de fonds a été réalisée en 10 jours, pour un montant d’un million d’euros.

Comment allez-vous utiliser cette levée de fonds ?

Nous sortons dans quelques jours deux nouveaux modules, l’un dédié aux traiteurs, l’autre aux standistes qui permettront à ces derniers d’indiquer l’empreinte carbone de leurs prestations dans leur devis. D’autres modules sont amenés à être développés pour couvrir l’ensemble des spécificités métiers et pour que l’utilisation du calculateur soit la plus intuitive possible. Notre souhait est que Climeet devienne une plateforme vertueuse, nourrit des informations et données de chacune des parties prenantes.

Notre autre enjeu est le développement de l’utilisation de l’outil. Nous sommes donc dans une stratégie de conquête des professionnels de la filière, de leurs donneurs d'ordre, en France et à l’international où nous travaillons aujourd’hui en partenariat avec South Pole et le GDS-Index, Climeet étant un outil qui fonctionne partout dans le monde. L’ambition est devenir la référence et que la filière événementielle française soit pionnière en termes d’évaluation de l’empreinte carbone.

Par ailleurs, le monde des concerts et celui des expositions muséales figurent aussi sur notre roadmap, deux univers finalement très proches de l’événementiel et pour lesquels l’outil Climeet s’avère là encore très adapté.

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