L’édito

“Pas de Zola sans pub !”

Il y a des événements dont on aimerait qu’ils durent plus longtemps, tant on en ressort plus intelligents, ou tout du moins avec la sensation de l’être. Des moments revigorants de réflexion collective et d’expertise.

Par Laurence Rousseau, publié le 24/04/2024 à 16:23, mis à jour le 24/04/2024 à 17:51.

“Pas de Zola sans pub !”
© DR

Comme la matinée du SNPTV de ce début de mois, le colloque Démocratie, Information & Publicité, organisé à la Sorbonne le mardi 23 avril, fut de ces instants là. Deux rendez-vous consacrés à un écosystème des médias devant faire face à de multiples enjeux, dont celui de son financement. Quelle martingale gagnante face à des plateformes qui vampirisent les revenus issus de la publicité ? Quel pluralisme demain (aujourd’hui ?) sans des médias ayant les moyens de leur indépendance éditoriale ? Quel futur pour les journalistes et une information de qualité, quand les marques réfléchissent influenceurs ? En BtoB, quel secteur économique puissant sans une presse spécialisée forte ? Autant de questions auxquelles il faut apporter des réponses rapidement, alors que la situation des médias s’aggrave à vitesse grand V. 

Sans liberté de la presse, pas de démocratie libérale, rappelait ainsi hier Etienne Gernelle, le directeur du Point. Pas de liberté de la presse sans publicité, complétait-il également. Et pas de Zola sans pub, lançait-il encore avec provocation, rappelant que le journal L’Aurore avait eu les moyens de son indépendance éditoriale, dont celle de publier notamment le célèbre “J’Accuse” à sa une du 13 janvier 1898, également grâce à la réclame, comme on disait alors. Toujours lors de ce colloque Démocratie, Information & Publicité, Mercedes Erra, parlant au nom de la filière communication, a porté le débat sur le terrain des valeurs, pointant ici du doigt un sujet de RSE pour les annonceurs. Car soutenir la presse - et à travers elle notre pays et notre démocratie - en faisant en sorte que les professionnels qui créent du contenu et de l’intelligence aient les moyens de leurs légitimes ambitions, relevait aussi de la responsabilité sociétale des entreprises. Une belle idée, en effet, à mettre à l'épreuve du réel et de la course aux clics. 

À lire aussi

Image
Plateforme, mon amour !

Plateforme, mon amour ! 

C’est un glissement de terrain qui s’est opéré peu à peu, à l’aune d’une ligne de démarcation plus...