L’édito

Le mirage du métavers

Ils semblent tous y croire et s’y précipitent allègrement. Je veux parler bien sûr du métavers, buzzword et nouvel eldorado techno présent à l’esprit de tout décideur qui se respecte et ne veut pas rater le train, déjà en marche, de l’innovation. 

Par Laurence Rousseau, publié le 22/06/2022 à 16:05, mis à jour le 22/06/2022 à 16:38.

Le mirage du métavers
© DR

D’autant que le métavers devrait être le plus grand shift de ces prochaines années, selon Eric Hazan, directeur associé senior de McKinsey & Company qui présentait une étude ad hoc mercredi dernier sur la scène de VivaTech.

Une prédiction appuyée sur des chiffres qui donnent le vertige : selon le cabinet conseil, ce nouveau monde virtuel pourrait en effet générer 5 000 milliards de dollars dans l’économie mondiale à l’horizon 2030, selon des projections les plus optimistes. Excusez du peu ! Too big to ignore alors ? Les investissements déjà consacrés au développement du métavers semblent plaider en ce sens, avec d’ores et déjà 120 milliards de dollars au 1er trimestre 2022.

Outre pouvoir habiller son avatar de vêtements logotés ou se constituer un portefeuille de NFT, que nous promet ce métavers en termes de révolution d’usage et de création de valeur ? Eh bien notamment de permettre à l’industrie de modéliser rapidement et de manière sécurisée des projets d’envergure, de tester toute sorte de produits, de soigner à distance, de voyager dans d’autres univers et… de se réunir et collaborer virtuellement avec des collègues éloignés. Là forcément, je me dis « interesting ! » depuis mon fauteuil de la Main Stage de VivaTech. Car, toujours selon l’étude McKinsey & Company, 10% des adeptes d’activités virtuelles se disent particulièrement intéressés par les réunions, quand 78% d’entre eux seraient en quête de virtual social events. Et Eric Hazan de conclure que consommateurs et marques sont déjà en passe d’investir le nouveau monde du métavers et ses potentialités.

Voilà pour l’approche technophile. Car par-delà cette vision, et sans verser dans la technophobie, il y a encore une réalité à laquelle on se cogne, parfois durement. Une réalité faite de consommateurs qui n’arrivent pas à boucler leur fin de mois, d’une activité numérique dont la consommation d’énergie est à réduire d’urgence, ou du réchauffement climatique auquel participe le développement des data centers et autres mineurs de cryptomonnaies. Alors si le métavers ne se révèle pas tenir du simple mirage, que ce nouvel Eden soit à tout le moins le fruit d’une pensée durable.

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