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La Presse au Futur et vous - « Aujourd'hui, le papier ne peut plus se battre seul »

Figure légendaire des médias, Jean-Clément Texier conseille économiquement et éditorialement ceux qui souhaitent bénéficier de son expertise. Analyse expresse du secteur.

Publié le 23/11/2022 à 16:57, mis à jour le 23/11/2022 à 16:57.

Jean-Clément Texier
© DR

Dans un marché plutôt en berne, quel est le modèle de presse qui s'en sort le mieux ?

Alors qu'il y a quelques années, on ne donnait pas cher de la presse quotidienne et que l'avenir semblait appartenir à la presse magazine, on a assiste à un rebond impressionnant de la première. Grâce à de multiples canaux – articles digitaux ou podcasts pour le BtoC, lettres sectorielles pour le BtoB –, elle s'adapte, se crée de nouvelles opportunités, réagit à l'actualité et se montre capable de donner de la valeur ajoutée à ses lecteurs. J'en veux pour preuve les 53 titres qui se sont réunis pour créer et lancer en janvier Diverto, un vrai magazine de loisirs de 68 pages enrichi par une plateforme numérique puissante à partir d'une base gigantesque de 4 millions de lecteurs !

Quelles sont les opportunités d'une diffusion numérique pour les éditeurs ?

La diffusion numérique a un avantage : une fois les investissements de base pour mettre au point la technique, elle est beaucoup moins coûteuse que l'édition imprimée, tributaire des augmentations de toutes sortes, comme en ce moment le papier et l'énergie, et de la raréfaction des points de vente. A priori, la diffusion numérique est donc plus économique et écologique. Deuxième avantage : elle permet d'avoir une réactivité très forte car elle est n'est pas contrainte à des horaires fixes, c'est donc une liberté totale ! Enfin, elle permet d'identifier ses lecteurs grâce à la data, ce qui lui permet de bien plus les fidéliser que lorsqu'ils achètent en kiosques et disparaissent dans la nature.

Si vous deviez lancer un journal aujourd'hui, quelles seraient les idées fortes qui guideraient votre démarche ?

Je chercherais d'abord des financements permettant d'offrir aux lecteurs une proposition qui marque l'époque. Pour ce faire, j'engagerais une équipe de professionnels pour apporter de la valeur ajoutée, des journalistes qui contextualiseraient le contenu pour mieux le situer dans l'époque et par rapport à l'histoire. Ensuite, comme je suis lié à cette presse depuis un demi siècle, je ferais tout pour intégrer une version papier qui serait le vaisseau-amiral du projet entouré d'une flottille de puissants navires audiovisuels et numériques. Car il faut bien comprendre ceci : aujourd'hui, le papier ne peut plus se battre seul. 

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