Entretiens

« Se rendre au congrès mondial de sa profession demeure toujours très attractif »

Marta Gomes, toute nouvelle présidente d'ICCA et directrice adjointe division commerciale de Viparis, évoque avec nous les enjeux de l'association professionnelle et du secteur Congrès. 

Publié le 03/01/2023 à 14:57, mis à jour le 04/01/2023 à 17:15.

Marta Gomes
© Antoine Doyen

Vous venez d’être élue présidente d’ICCA. Pouvez-vous nous rappeler la vocation de cette association ?

ICCA est une association internationale qui regroupe les principales entreprises de l’écosystème Congrès, que ce soient les offices de tourisme, les centres de congrès, les PCO (organisateurs professionnels de congrès) jusqu’aux prestataires de services. Depuis 2 ans nous a rejoint la communauté des associations clientes, ce qui nous permet d’avoir des retours intéressants de leur part. Mondiale, l’association revendique 1 000 membres dans le monde entier et sur tous les continents. Elle a été créée dans les années 60, avec pour objectif le partage d’informations sur les congrès tournants. Aujourd’hui ICCA possède une base de données regroupant 12 000 congrès tournants, le joyau de l’association sur lequel nos membres s’appuient pour leur prospection commerciale. Outre l’aspect business, l’institution se revendique comme une plateforme d’échanges de connaissance et de networking.

ICCA est-elle une forte consommatrice d’événements et à quelle fréquence vous réunissez-vous ?

En effet, nous nous réunissons très souvent à l’échelle mondiale et régionale. Par ailleurs l’association est organisée en chapitres régionaux. L’Europe par exemple est divisée en six chapitres et chaque chapitre organise son propre rendez-vous annuel. Au niveau mondial, nous produisons des workshops clients-fournisseurs - moments qui permettent également de découvrir une destination - et des événements sur les tendances de marché.

Vous êtes par ailleurs directrice adjointe de la division commerciale de Viparis. Est-ce que votre nomination au sein d’ICCA a une importante pour la destination que vous représentez, à savoir Paris ?

Viparis est membre d’ICCA depuis plus de 45 ans et nous nous appuyons beaucoup sur sa base de données notamment. Les équipes participent régulièrement aux événements ICCA et aux différents programmes de formation.

S’agissant de la présidence, il me semble intéressant de rendre Viparis encore plus visible

S’agissant de la présidence, il me semble intéressant de rendre Viparis encore plus visible. Si tout le monde en France connaît notre groupe, ce n’est pas totalement le cas à l’international. Cela met en lumière la destination Paris et plus largement la France, et nous positionne comme des experts sectoriels aptes à porter les grands sujets du futur du monde des congrès.

Justement, quels sont les enjeux du secteur Congrès ?

Durant ma campagne électorale pour obtenir la présidence l’ICCA, je me suis appuyée sur des objectifs concrets et des actions rapidement réalisables. La période post-Covid nous démontre le besoin d’agilité et de simplification des processus de décision. Parmi les priorités internes à l’association, nous allons procéder à une vaste étude auprès des membres afin de définir ce qui a changé pour eux, de détecter leurs attentes et besoins afin de bien calibrer les plans d’actions à venir. Nous allons également revoir notre modèle d’adhésion pour pouvoir élargir notre nombre d’adhérents. La transformation digitale de l’association est également à l’ordre du jour.

ICCA est très impliquée dans le Net Zero Carbon Events 2050 et nous allons renforcer nos travaux sur le thème

Pour les priorités de la filière, elles sont au nombre de 3 : le développement durable, l’héritage et l’impact des événements, et les talents de demain. Sur le volet sustainability, ICCA est très impliquée dans le Net Zero Carbon Events 2050 et nous allons renforcer nos travaux sur le thème. Sur le sujet impact et héritage, il s’agira de renforcer les programmes existants en lien avec d’autres associations. Il faut que nous collaborions davantage, notamment en Europe, en que nous communiquions encore plus sur l’importance des événements. Par ailleurs, en termes de communication, notre angle doit être moins l’importance du tourisme événementiel que le développement économique, l’accélération de l’innovation, etc. Dernier thème enfin, les talents de demain. Nous avons déjà créé un « shadow board » composé de 8 membres qui travaillent avec nous sur les sujets d’avenir. D’autre part notre programme de formation ICCA Skills sera accéléré.

En parlant de développement durable, comment l’univers des congrès appréhende le sujet du transport des participants, premier poste émetteur de CO2 ?

Ce sujet est toujours en discussion dans nos groupes de travail mais deux axes se dessinent. Premièrement, il faut que ce sujet soit également porté par les transporteurs doivent prendre leur part aux nécessaires mutations. Deuxièmement, le déplacement à l’occasion d’un événement doit être optimisé.

A chacun de bien évaluer les avantages réels à se déplacer, en termes de business et de networking

A chacun de bien évaluer les avantages réels à se déplacer, en termes de business et de networking. Il est vrai qu’il est souvent plus intéressant de se déplacer une fois sur un événement où l’on n’est sûr de rencontrer toute sa communauté, que plusieurs fois dans l’année pour voir une ou quelques personnes.

Le digital change-t-il également la donne ?

Le partage de connaissances et de contenus a évidemment pris son essor grâce au digital. Pour autant, les grands événements restent importants pour d’autres raisons que les seuls contenus. J’en veux pour preuve la forte reprise du présentiel en 2022 qui témoigne de l’importance du networking et de la possibilité d’avoir un temps protégé pour s’immerger dans la connaissance. L’évolution de l’hybridation se perçoit dans la diffusion de quelques contenus en streaming mais moins dans le format des événements en tant que tel.

Va-t-on vers une régionalisation plus marquée des congrès ?

Oui et non. Depuis plus d'une dizaine d’années, les congrès régionaux et notamment européens connaissent une forte croissance du fait du partage de connaissance entre membres de l’Union européenne par exemple. Des événements aux contenus de très hauts niveaux qui concurrencent largement les congrès US et mondiaux. Ceci étant dit, le fait de se rendre au congrès mondial de sa profession demeure toujours très attractif. Cela reste le meilleur moyen de rencontrer ses homologues étrangers. Par exemple Viparis a accueilli en 2022 le Congrès mondial d’astronautique à la Porte de Versailles. L’événement qui normalement attire 7 000 participants a regroupé 9 300 personnes cette année. Preuve qu’il est toujours primordial, qui plus est dans le milieu scientifique, d’échanger entre spécialistes à l’échelle mondiale.

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