Entretiens

« Outre être synonyme de croissance économique, l’événementiel est source de ciment social »

Ardent défenseur d'une politique événementielle pour sa ville mais aussi pour le pays, le maire de Deauville, Philippe Augier, revient pour nous sur son engagement auprès de la filière, à l'occasion de la tenue du congrès annuel de l'Union Française des Métiers de l'Événement. 

Publié le 04/07/2023 à 11:54, mis à jour le 05/07/2023 à 15:16.

Philippe Augier
© DR

Vous avez assisté au sommet des Napoleons qui se déroulait à La Baule sur le thème de « réparer ». Au regard de l’actualité dramatique de ces derniers jours, que pense l’édile que vous êtes de la nécessité de s’inscrire dans la réparation ?

Il me faudrait beaucoup plus de temps que celui dont nous disposons afin de m’exprimer sur l’actualité et l’état de notre pays, aussi je me cantonnerai au volet événementiel. J’ai eu plaisir à assister aux Napoleons, un événement qui rassemble des personnes très différentes autour de thèmes fondamentaux pour la société. Des gens qui sont en contact direct avec les sujets traités et qui ont la volonté d’en parler autrement que dans l’immédiateté et le traitement médiatique traditionnel. Ce sommet s’inscrit dans une réflexion sur le temps long, ce que je trouve particulièrement intéressant.

Vous avez été l’un des premiers maires de France à miser sur l’événementiel pour l’attractivité de votre destination avec les différents festivals, dont celui du cinéma américain. L’événementiel demeure-t-il toujours stratégique pour Deauville ?

En tant que maire, j’ai hérité du Festival du cinéma américain créé avant mon élection. Rappelons à cette occasion que cet événement a été conçu pour prolonger la saison estivale à l’issue du mois d’août, et pour ne pas s’enfermer dans l’image d’une cité balnéaire active uniquement durant deux mois.

Je suis arrivé à la mairie avec la conviction que Deauville avait les atouts nécessaires pour vivre pleinement toute l’année.

Je suis arrivé à la mairie avec la conviction que Deauville avait les atouts nécessaires pour vivre pleinement toute l’année. Par ailleurs, sa proximité avec Paris n’est pas une fin en soi. Il faut être en capacité d’avoir une forte proposition de valeurs en termes culturel, sportif, etc. J’ai donc construit une stratégie axée sur l’événementiel, ce qui nécessite de créer les événements mais aussi, s’il y a lieu, les équipements susceptibles de les recevoir.

Nous avons ainsi créé un premier festival de musique classique, suivi d’un festival littéraire, d’un second festival de musique classique, du festival de la photo, du salon du tatouage, etc. Sur le volet sportif, nous avons lancé le pôle international du cheval puis un pôle omnisports, ce qui nous a permis d’attirer les bases arrières d’équipes nationales et internationales ou de les accueillir pour leurs entrainements. N’oublions pas non plus les grands événements économiques ou politiques tels que les G8 et les G27.

Dans le même temps, nous développons une programmation culturelle propre à satisfaire les 3 typologies de publics que nous accueillons, à savoir la population locale, les résidents secondaires et les touristes. Enfin, il y a les courses et les concours hippiques qui se sont beaucoup développés. Tout ceci donne naissance à un maillage événementiel pluriel et vivant toute l’année.

Et vous poursuivez cette stratégie avec de nouveaux projets ?

La ville n’est pas toujours à l’origine des événements qui s’y installent. En mai dernier, un groupe de mécènes a ainsi lancé avec succès le United Music of Deauville et le Festival Manga sera un autre nouveau rendez-vous de 2023. L’an prochain, c’est le Festival des documentaires sportifs - autour duquel nous créerons un marché professionnel - et un festival sur le thème des jardins et de la culture, avec le jardinier de Versailles Alain Baraton, qui marqueront notre calendrier.

Deauville accueille depuis hier le congrès annuel de l’Union Française des Métiers de l’événement. Une satisfaction pour l’ancien président de France Congrès et Evénements, et l’auteur d’un rapport sur l’événementiel ?

En 2009, à la demande du président Sarkozy, j’ai effectivement rédigé un rapport sur l’événementiel, document mettant en évidence la manière dont ce secteur était un levier de croissance économique et d’attractivité pour le pays.

La France est la reine mondiale de l’événementiel, et elle sait faire !

La France est la reine mondiale de l’événementiel, et elle sait faire ! Des Jeux olympiques, du Tour de France, en passant par la Coupe du monde de football ou le Paris-Dakar, les Français ont créé les plus grands événements sportifs et dans la culture, le Festival de Cannes est l’exemple qui rayonne partout dans le monde. Aussi, nous devons avoir une politique de l’événementiel, d’ailleurs celle-ci se met peu à peu en place. Et, outre être synonyme de croissance économique, l’événementiel est source de ciment social. C’est pour toutes ces raisons que je me suis aussi engagé dans le soutien de ce secteur en tant que président de France Congrès et Evénements, et que je continue en recevant aujourd’hui les professionnels de la filière.

Vous accueillez également l’ancien Premier ministre Edouard Philippe qui participera avec vous à une conférence sur l’événementiel et les grandes transitions nécessaires. Quels messages souhaitez-vous adresser aux professionnels ?

Le secteur événementiel est face à des enjeux d’importance. En premier lieu le développement durable et la nécessaire transition écologique à mener. A ce sujet, rappelons que Deauville figurait parmi les 7 villes qui furent les premières labellisées Destinations Innovantes Durables.

Par ailleurs, les mutations du travail ont eu et vont continuer d’avoir des impacts sur le besoin, la manière, ou encore la fréquence de nous réunir.

Par ailleurs, les mutations du travail ont eu et vont continuer d’avoir des impacts sur le besoin, la manière, ou encore la fréquence de nous réunir. Enfin, l’intelligence artificielle aura sûrement des conséquences sur la filière. Il faut continuer à travailler tous ensemble sur ces questions. 

2024, année olympique : quelles perspectives pour votre destination et pensez-vous bénéficier de la venue de manifestations qui ne pourraient se tenir à Paris du fait des JO ?

Je ne crois pas aux événements qui auront lieu ailleurs qu’à Paris durant les Jeux olympiques et paralympiques. Pendant le temps des JO, les autres événements n’existeront quasiment pas en termes de visibilité ! Sans compter les systèmes de sécurité qui vont être happés par les Jeux.

En revanche, les Jeux olympiques sont synonymes pour nous de bases arrière pour les équipes, d’ailleurs Deauville devrait recevoir une belle délégation étrangère ! Je ne vous en dis pas plus car ceci est en cours de finalisation.

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