Entretiens

« Nous sommes probablement les seuls au monde capables de combiner grands événements et gastronomie ! »

Momense réunit désormais les marques Potel et Chabot, et Saint Clair. Quels objectifs et développements derrière cette nouvelle identité ? On en parle avec Alain Postic, Directeur général de Momense. 

Publié le 28/02/2023 à 16:38, mis à jour le 02/03/2023 à 11:31.

Alain Postic
© DR

Vous annoncez le lancement de Momense, marque ombrelle chapeautant Potel et Chabot et Saint Clair. Qu’est-ce qui prévaut à cette création, alors que vous possédez deux marques très fortes et bien positionnées ?

En effet, nous avons deux marques de traiteurs, à la fois Potel et Chabot sur le segment Luxe et Saint Clair sur le segment Premium. La première est une marque historique, riche de 200 ans d’histoire et qui fait partie du patrimoine gastronomique français. La seconde a été créée par le restaurateur étoilé François Clerc il y a une quarantaine d’années. Saint Clair à un ADN plus jeune et innovant, mais se veut très complémentaire de Potel et Chabot.

En fait, nous avons fait le constat que nous faisons beaucoup plus que le métier de traiteur puisque nous pouvons prendre en charge les volets design, création artistique, conseil culinaire, arts de la table, conseil en RSE, etc. Donc la création de la marque Momense donne un cadre à cette réalité et incarne notre inspiration de développement, avec pour mission de créer des moments sublimes, de manière personnalisée et engagée.

Qu’en est-il justement de vos engagements ?

Sur ce dernier point, nous insistons pour démontrer que ce que nous faisons est bon pour la planète et pour les équipes. S’agissant du prisme de la RSE, nous nous engageons dans le choix de produits en circuit court, le respect de la saisonnalité, la réduction de la part de protéine animale dans les assiettes, la diminution des surplus alimentaires notamment.

Outre le volet écologique, les sujets d’inclusion sont éminemment importants pour nous.

Nous accompagnons nos clients vers des événements à moindre impact sur la planète car cela relève de notre responsabilité de leader sur le marché d’acculturer au changement. Outre le volet écologique, les sujets d’inclusion sont éminemment importants pour nous. Notre groupe valorise la transmission, aussi il est important pour nous de travailler avec des jeunes ainsi que des personnes éloignées de l’emploi que nous accompagnons dans leur parcours.

Concernant la marque employeur, nous avons une forte culture d’entreprise. Notre ancrage est la culture de l’équipe, car nos collaborateurs ne sont jamais seuls. C’est ensemble que l’on réussit - ou que l’on échoue parfois - mais dans tous les cas qu’on apprend. Et par rapport à d’autres métiers de la food, nous réussissons à garantir une qualité de vie au travail, nous testons par exemple les week-ends de 3 jours pour nos collaborateurs.

Comment se porte votre activité depuis la crise sanitaire ?

Pour notre groupe, la crise sanitaire a été une parenthèse dans une trajectoire de transformation initiée en 2018. Comme beaucoup de nos confrères, nous avons fait face à une perte de talents, mais actuellement nous avons beaucoup moins de problèmes RH qu’en 2021. Attirer les jeunes vers nos métiers reste un sujet important, d’ailleurs nous recrutons des profils qui ne viennent pas nécessairement de l’univers de la food.

2022 a été une année historique en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité, avec un peu plus de 145 millions de CA, versus 119 millions en 2019.

Sur nos métiers du design, nous pouvons accueillir des collaborateurs issus de la mode ou du luxe par exemple. En termes de business, 2022 a été une année historique en termes de chiffre d’affaires et de rentabilité, avec un peu plus de 145 millions de CA, versus 119 millions en 2019.

Quels sont vos principaux axes de développement ?

Nous souhaitons renforcer notre leadership parisien, que ce soit sur notre activité traiteur ou bien nos pavillons. Par ailleurs nous travaillons à remonter la chaîne de valeurs de l’événementiel en y adjoignant des prestations à valeur ajoutée telles que le « Studio Momense » avec l’ensemble de nos activités de création et un grand nombre de métiers que l’on n’imagine pas nécessairement chez un traiteur. Cela nous permet de concevoir l’expérience invité de A à Z.

Par ailleurs, nous avons développé « Momense Performa » dont l’objectif est de coordonner l’ensemble des points de contacts d’un invité à l’occasion d’un événement sportif. Cela va du design des salons de réception, à l’uniforme du personnel, à l’accueil des hote.sse.s, et bien sûr de l’expérience gastronomique. Une expérience globale que nous optimisons d’une touche digitale avec une offre de logiciels permettant à l’organisateur de bien comprendre le parcours de ses invités, et de monitorer leur niveau de satisfaction.

Enfin, dernier axe de développement avec notre projection à l’international, notamment au Moyen-Orient, ou au travers d’événements de nos clients du secteur du luxe et des grandes compétitions sportives.

Comment avez-vous vu évoluer la demande clients ?

Que ce soit par prise de conscience réelle ou bien par souci d’image sociétale, il n’y a plus un donneur d’ordre qui n’intègre pas comme un élément de base de sa demande le fait que son événement soit éco-conçu.

Nous voyons une tendance de modernisation et de plus grande sophistication des donneurs d’ordre qui veulent des preuves de changements tangibles.

Quelle qu’en soit la raison, c’est donc une très bonne chose ! Nous voyons par ailleurs une tendance de modernisation et de plus grande sophistication des donneurs d’ordre qui veulent des preuves de changements tangibles. Pour notre part nous allons travailler cette année avec la Fédération Française de Tennis afin d’inclure des personnels handicapés à nos équipes sur les espaces de Roland-Garros. C’est comme cela que nous montrons notre capacité à trouver des solutions et faire avancer des choses.

Deuxième tendance avec la gastronomie multi-sensorielle qui cumule la recherche du bon et du beau, et pour laquelle nous apportons l’input de nos créateurs. Autre tendance à signaler, celle de clients qui oscillent, selon les occasions, sur des expériences très simples puis sur d’autres très sophistiquées, mais toujours avec de la lisibilité. Autre paradoxe que je note, à la fois la recherche de la durabilité, de l’histoire, mais aussi la quête de l’éphémère avec des pop-ups, des collections capsules, etc. On passe de l’un à l’autre de manière assez fluide.

Est-ce que Momense se positionne comme une agence ?

Non, nous n’avons pas vocation à devenir une agence événementielle. Nous nous positionnons sur la production de l’ensemble des points de contacts du client qui contribuent à l’expérience de ses invités, comme lorsque vous recevez chez vous finalement.

L’offre Momense est-elle intégrée à l’offre Hospitality du groupe Accor ?

Accor est notre actionnaire minoritaire à hauteur de 40 %. Certes il y a des synergies entre le groupe et nous. Ainsi, nous venons de signer à nouveau pour 4 ans les hospitalités du Paris Saint-Germain dont Accor est partenaire. Nous avons collaboré avec le groupe dans le cadre de la Coupe du monde de football au Qatar et nous avons mis en place un programme de fidélité « All Meetings Planners », un programme inspiré du programme d’hospitality du groupe Accor, et totalement inédit sur le marché.  

Comment allez-vous être présents sur les grands rendez-vous sportifs en France de 2023 et 2024 ?

Nous venons de renouveler les hospitalités du tournoi de Roland-Garros, événement sur lequel nous sommes présents depuis 1982. Soit un an avant le sacre de Yannick Noah, victoire dont nous célébrerons d’ailleurs le 40e anniversaire lors de la prochaine édition. Plus globalement, nous regardons les grands événements sportifs non pas sous un prisme français mais international.

Lors de la dernière Coupe du monde de football, nous avons servi 120 000 couverts durant 3 semaines.

Lors de la dernière Coupe du monde de football, nous avons servi 120 000 couverts durant 3 semaines. Nous sommes probablement les seuls au monde capables de combiner grand volume et gastronomie ! La qualité culinaire de nos plus hauts niveaux d’hospitalités équivaut celle d’un restaurant étoilé. Et si nous n’interviendrons pas dans les stades durant la Coupe du monde de rugby, nous couvrirons des événements en marge de ce rendez-vous, et notamment dans nos pavillons. Quant aux  Jeux olympiques et paralympiques, ils seront synonymes d'une période de très forte activité pour notre groupe, comme pour l'ensemble du secteur d'ailleurs. Enfin, nous travaillons déjà sur les dossiers de la Coupe d’Europe de football en Allemagne en 2024 et de la Coupe du monde de 2026. De longs processus pour lesquels il nous faut réfléchir très en amont pour apporter les prestations demandées.

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