Entretiens

« Nous avons gagné 10 ans sur l'adoption du télétravail » 

En amont de son intervention du 22 janvier au Club Edouard VII, Stéphane Bensimon, président de Wojo, évoque pour nous le développement des espaces de coworking et le télétravail. 

Publié le 13/01/2021 à 12:25, mis à jour le 13/01/2021 à 17:52.

STEPHANE BENSIMON
© DR

Wojo est né d’une joint-venture entre Accor et Bouygues immobilier. De la rencontre entre le foncier et l’hospitalité en quelque sorte ?
Anciennement Nextdoor créé par Bouygues immobilier, Wojo a été lancé en 2014. Notre offre* repose sur nos espaces de travail flexibles, bureaux, coworking et salles de réunion, mais également sur un savoir-faire en matière d’hospitalité, ce que maitrise parfaitement le groupe Accor. La joint-venture est donc apparue naturelle. Cela nous a également permis de mettre en place dans 300 hôtels du réseau Accor des « Wojo Spots », offrant ainsi la possibilité de venir travailler en mode nomade quelques heures ou minutes dans des espaces partagés.

Nous allons créer des bureaux privatifs au sein des hôtels Accor.

Nous allons même aller un cran plus loin en créant des bureaux privatifs au sein de ces hôtels. Cela nous permettra à terme, grâce aux 5 000 hôtels Accor, de devenir le plus grand réseau de coworking au monde. Une transformation que les propriétaires d’hôtels trouvent d’ailleurs assez intéressante dans le contexte actuel pour leur assurer une autre source de business.

2020 aura été notamment l’année du télétravail. Quelles conséquences pour un acteur du coworking tel que Wojo ?
Il y a plusieurs éléments importants qui ont été révélés par cette crise. Celle-ci a fait notamment comprendre aux dirigeants que travailler dans un autre environnement est possible, sans perte d’efficacité. Par ailleurs, le télétravail à domicile a montré ses limites, et ce pour des raisons diverses. Enfin, le fait d’être isolé et de ne pas pouvoir interagir avec d’autres personnes a montré ses limites.

La flexibilité de nos offres, qui a notamment permis à certains de nos clients de quitter nos espaces durant le premier confinement pour y revenir après, est sans doute notre principal atout.

La flexibilité, une tendance durable selon vous ?
Je le crois. A la faveur de cette crise, les entreprises du tertiaire ont réalisé que leurs bureaux n’étaient pas utilisés à temps plein alors que le foncier représente leur deuxième poste de dépenses après les salaires. Notre proposition s’inscrit donc aussi dans cette problématique. En venant chez nous, les entreprises trouvent de la flexibilité en termes de nombre de postes de travail, en termes de durée et de lieux, et la satisfaction des collaborateurs est boostée car nous générons des rencontres au sein de notre communauté. Cette crise a vraiment révélé l’importance de travailler ensemble, mais pas nécessairement tous les jours de la semaine. Nous avons gagné 10 ans sur la prise de conscience des avantages du télétravail.

Il faut que les chefs d’entreprises et les décideurs osent lâcher leurs bureaux traditionnels pour s’engager sur la voie de la flexibilité

La prochaine étape, qui n’est pas la plus simple, est le passage à l’acte. Il faut que les chefs d’entreprises et les décideurs osent lâcher leurs bureaux traditionnels pour s’engager sur la voie de la flexibilité et de l’écoute des collaborateurs. Enfin, nous pouvons aider les entreprises qui demain seront en surcapacité de mètres carrés à gérer et à animer ces derniers pour leur compte. Nous avons d’ores et déjà plusieurs projets en ce sens.

Une réponse à « Je travaille quand je veux, où je veux » ?
Oui mais il faut l’organiser un tant soit peu. La question désormais demeure comment faire revenir les collaborateurs au bureau. Le télétravail a généré une véritable satisfaction pour beaucoup de collaborateurs mais aussi des attentes. Côté entreprises, se pose la question du lien à entretenir entre les salariés. Il faut des lieux pour entretenir ce collectif et rendre l’entreprise désirable. Les jeunes talents sont évidemment très sensibles à ces questions. Quand les entreprises font des séances de recrutement dans nos locaux, l’impact n’est pas le même pour le futur collaborateur qui voit un schéma de travail plus épanouissant. Je veux rester humble quant aux prochaines étapes car les choses peuvent encore bouger mais nous suivons les tendances, notamment celles des urbains qui veulent quitter la ville pour gagner en qualité de vie.

Le coût environnemental du télétravail est-il aussi un bon argument en matière de RSE ?
Après la flexibilité et le rapport au travail, notre troisième levier est le sujet de la RSE. Nous essayons donc de proposer des lieux qui respectent l’environnement (qualité des bâtiments, consommation d’énergie, mutualisation d’espaces...) mais aussi qui permettent de limiter son temps de transport et donc son empreinte carbone. Rapprocher le lieu de travail de son habitation fait partie des enjeux en faveur de la préservation de la planète.

Existe-t-il une communauté Wojo qui se retrouve autour de contenus et d’événements ?

Bien sûr. Outre les espaces de travail, nous proposons des conférences, des afterworks, des animations, de la restauration, etc. Nos équipes sont formées à cela avec des collaborateurs que nous appelons des Business Partners, leur rôle étant de bien connaître nos clients et de les aider au maximum. Dans le domaine personnel, notre communauté peut bénéficier de cours de fitness, de yoga, de sophrologie, etc. Des prestations proposées sur site évidemment et qui font se rencontrer des collaborateurs de plusieurs entreprises, et donc de cultures différentes. Nous provoquons les rencontres.

Sur le volet virtuel, nous avons une application dédiée pour tous nos membres, soit quelques 5 500 personnes à date, qui leur permet d’interagir entre eux.

*12 sites de coworking de 3 000 à 9 000 m2 en France (à Paris, Lyon et Lille) et 1 à Barcelone qui accueillent des free-lances, des start-ups et des départements de grandes entreprises sur la base de location longue durée. Ouvertures à venir : un site rue de Tolbiac à Paris, et un autre à proximité immédiate de la gare Montparnasse.

À lire aussi

Image
Il y a toujours un plan B

Il y a toujours un plan B

J-100. La flamme olympique s’est allumée en Grèce, acte symbolique et dernière ligne droite d’une...