« Notre forum veut aider concrètement les femmes à se faire respecter car dénoncer la culture patriarcale ne suffit pas ! »

Vous organisez avec CMI et pour le compte de la région Sud le Forum « Respect pour les femmes ». Pourquoi la région fait-elle appel à vous ?

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur a fait appel à CMI, mon ancien employeur qui apporte l’expertise et l’audience de Version Femina, ainsi qu’à moi-même pour l’accompagner sur la création et l’animation de ce forum dédié aux femmes. Ce dernier s’inscrit dans l’engagement de la région d’aider les associations locales qui luttent contre les violences faites aux femmes, un engagement qui se traduit d’ailleurs aussi par un soutien financier à hauteur de 10 millions d’euros.

Notre objectif est donc de dépasser la notion d’événement de conviction et de dénonciation pour tenter d’aider et de donner des clés aux femmes

Outre le volet financier, il y a une réelle volonté de la région Sud d’apporter sa pierre à l’édifice en organisant un événement non pas institutionnel mais à destination du grand public. Or, sur un sujet sensible comme les violences faites aux femmes, le public ne vient pas spontanément. Notre objectif est donc de dépasser la notion d’événement de conviction et de dénonciation pour tenter d’aider et de donner des clés aux femmes – et aux hommes aussi car ce combat est l’affaire de tous – en se positionnant davantage sur la prévention et les signaux qui sont en amont de la violence psychologique et physique.

En ce sens, nous réalisons un travail similaire à ce que j’avais fait en son temps à Elle Active avec l’organisation de masterclasses et de workshops pour aider les femmes à se promouvoir et mieux gérer leur vie professionnelle dans un monde économique encore inégalitaire.

Les associations se positionnent également sur ces questions de prévention. Comment les intégrez-vous à cet l’événement ?

En effet, les associations font un travail remarquable sur le terrain. Nous avons demandé aux associations locales de venir animer des masterclasses ou des ateliers autour de thématiques telles que le consentement, les cyberviolences, les relations toxiques, le harcèlement au travail ou encore l’empowerment. Je reste d’ailleurs persuadée que l’indépendance financière est indispensable pour se protéger de toute force de violences.

Quels seront les différents formats développés à cette occasion ?  

Nous aurons tout au long de la journée une grande plénière très rythmée, avec des contenus davantage inspirationnels et liés à l’empowerment. Par exemple nous parlerons de l’activité sportive qui rend plus fort, de l’indépendance financière, des différentes façons d’obtenir justice, etc. Un format somme toute classique mais enrichi de témoignages de spécialistes, de chercheurs mais aussi de personnalités comme la mannequin Cindy Bruna ou l’ancienne Miss Provence April Benayoum.

J’aurais d’ailleurs plaisir à animer cette plénière et ses différentes table-rondes. La marraine de l’événement, l’humoriste Caroline Vigneaux, clôturera la plénière par un stand-up d’une vingtaine de minutes.

Plus originales, nos masterclasses et workshops, qui portent sur des sujets concrets et pratiques. A l’instar de « s’affirmer au travail », « détecter les relations toxiques » ou encore « réagir à la violence ». Ces contenus se veulent facilement appréhendables, voire ludiques dans la manière de les aborder. Nous présenterons aussi le violentomètre, outil de prévention qui synthétise les différents points de vigilance pour ne pas glisser dans des situations difficiles et inacceptables. Nous organiserons également des ateliers de self-défense et de sophrologie.

Quid des hommes dans votre programme ?

Ils seront évidemment présents et je tiens à dire que nombreux sont les hommes à s’engager sur ces sujets. Je fais venir par exemple Maxime Ruszniewski, ancien collaborateur de Najat Vallaud-Belkacem et fondateur de la société Remixt. Il s’occupe de promouvoir l’égalité et la mixité au sein des entreprises et travaille sur la prévention des violences d’une façon pragmatique et constructive, en embarquant les hommes sur tous ces sujets. Nous accueillerons également deux étudiants totalement acquis à cette cause : Sébastien Clayette, membre de Solidarité Femmes 13, et Anthony Graziano Peyronel, lauréat d’un concours d’éloquence dont le discours était consacré aux violences faites aux femmes et qui viendra réitérer son discours sur scène.

Quel est selon vous le sujet le plus difficile à traiter concernant le respect pour les femmes ?

Quelle que soit la façon dont on aborde l’égalité femmes/hommes, nous demeurerons les héritier.iè.s d’une culture patriarcale millénaire qui consacrait l’inégalité entre les sexes. Ce modèle coule encore dans nos veines. Il y a plusieurs façons de le dénoncer et il faut continuer à le faire, mais cela ne suffit pas.

Désormais, les inégalités sont dans la tête de tout le monde et la prise de conscience est réelle sur la nécessité de faire bouger les lignes, mais ce sera encore long.

J’ai récemment écrit un livre sur la question des couples à double carrière, je n’ai rencontré que des personnes progressistes sur l’égalité professionnelle mais l’inégalité face aux tâches domestiques reste un vrai sujet. Désormais, les inégalités sont dans la tête de tout le monde et la prise de conscience est réelle sur la nécessité de faire bouger les lignes, mais ce sera encore long. Attention aussi à la petite musique très négative qui dit que nous n’y arriverons pas. Des événements comme le nôtre, qui ne se contentent pas de dénoncer mais qui proposent des solutions, sont utiles. D’ailleurs nos rendez-vous sont d’ores et déjà complets pour la plupart, ce qui nous motive pour faire mieux et plus grand l’année prochaine !