Entretiens

« L’intelligence artificielle va encore accroitre l’importance des métiers des relations publiques »

Formats événementiels, IA, relations publiques, Jeux olympiques... MyEN fait un point tendances avec Frédéric Bedin, président du directoire d'Hopscotch groupe. 

Publié le 26/04/2023 à 12:28, mis à jour le 27/04/2023 à 09:08.

Frédéric Bedin
© DR

Hopscotch vient de renforcer sa représentation aux Etats-Unis. Pourquoi se positionner sur Los Angeles ?                                           

Nous souhaitions renforcer notre présence sur la côte ouest américaine à travers la nomination d’une senior implantée à Los Angeles. C’est un bassin de clients sur deux secteurs qui nous intéressent tout particulièrement, à savoir les startups de la Tech et l’entertainment au sens large. Par ailleurs, les Jeux olympiques de 2028 se tenant à Los Angeles, nous avons bon espoir d’accompagner les partenaires présents sur Paris 2024 lors de cette prochaine édition des JO. Par partenaires j’entends les sponsors mais aussi les pays, les fédérations avec qui il est pertinent de commencer à réfléchir à leur présence à L.A.

Vous étiez présent au dernier festival SXSW. Qu’est-ce qui vous a marqué et inspiré sur cet événement ?

Nous avions 3 de nos managers présents au SXSW d’Austin, et ils ont adoré l’expérience. Cette année l’événement était évidemment très centré sur le web3 et l’intelligence artificielle, et d’un point de vue du format, ce qui est intéressant c’est que la ville entière est dédiée à l’événement durant plus de quinze jours. De festival de musique, l’event est devenu le lieu de showcasing de la technologie. Les grandes marques privatisent des lieux qu’ils transforment en houses à leurs couleurs et font l’événement dans l’événement, quand les hôtels deviennent pour l’occasion des centres de congrès. C’est un happening permanent durant quinze jours où règne une ouverture d’esprit incroyable !

Vous avez été l’un des premiers, sinon le premier, à théoriser le marketing des communautés. Aujourd’hui tout le monde parle et pense communautés. Qu’est-ce qui a changé ?

En effet, je suis assez content car lorsque je parlais de communautés il y a 25 ans, certains pensaient que c’était politiquement incorrect, alors que je n’utilisais pas le mot selon la même acception que les hommes politiques. Internet en était à ses balbutiements, puis les blogueurs des années 2000 et désormais les influenceurs ont permis de cristalliser des communautés de manière très fluide, en décloisonnant les univers des médias traditionnels qui étaient enfermés dans leurs formats.

L’intensité relationnelle qu’entretient une marque ou une institution avec l’ensemble de ses liens communautaires est faite d’amour, de haine, de passion, d’indignation, etc.

Aujourd’hui je constate que le concept devient mainstream, ce qui est une bonne nouvelle pour notre business. C’est une satisfaction professionnelle pour moi mais aussi pour les collaborateurs d’Hopscotch. On voit bien que même des secteurs comme le sport ou le luxe investissent puissamment dans le marketing des communautés. Pour cela, il faut être capable de cartographier les communautés pour le compte des clients et accompagner les marques ou les institutions à interagir avec elles pour mener des campagnes de grande ampleur. L’intensité relationnelle qu’entretient une marque ou une institution avec l’ensemble de ses liens communautaires est faite d’amour, de haine, de passion, d’indignation, etc. Les relations humaines ne sont plus aussi figées qu’auparavant, tout est vivant et mouvant, les gens peuvent passer d’une communauté à une autre.

Le média Salons se transforme. Comment proposez-vous une expérience différente sur des salons comme celui de l’Auto ou le Midem ?

Il faut passer d’un business model des salons qui est très semblables à celui des métiers de l’immobilier, à savoir acquérir des mètres carrés que l’on revend au détail, à un modèle qui se rapproche de celui des festivals, avec une diversification maximale des sources des revenus et des manières d’interagir entre les participants et les marques. Par ailleurs, il est nécessaire de faire intervenir les participants dans les contenus, à la manière de ce que nous sommes en train de réaliser sur le Midem. Il faut tendre vers un modèle d’événement avec un méta-programme où chaque marque peut s’exprimer singulièrement au sein d’un environnement puissant qui réunit un fort bassin d’audience.

Que représentent l’intelligence artificielle et le web3 dont on parle beaucoup actuellement dans l’activité de votre groupe ?

Pas grand-chose s’agissant du web3 qui reste encore au stade expérimental selon moi, en revanche l’intelligence artificielle est un enjeu important. Quand j’ai commencé dans les relations publiques, ces publics étaient essentiellement les journalistes, les prescripteurs, les leaders d’opinion, les distributeurs ou l’interne. Avec les influenceurs, notre marché s’est considérablement développé et il faut désormais y ajouter les intelligences artificielles. Ainsi, au sein d’un groupe de travail pour nos clients, nous avons identifié 250 intelligences artificielles qui sont primordiales d’entrainer pour que la réputation de nos clients soit bien identifiée par ces IA.

A date, nous avons déjà une task force IA d’une trentaine de personnes pour répondre à la demande de certains de nos clients (...)

L’intelligence artificielle va encore accroitre l’importance des métiers des RP, non plus avec des personnes mais avec des machines qu’il va falloir entrainer grâce au machine learning. A date, nous avons déjà une task force IA d’une trentaine de personnes pour répondre à la demande de certains de nos clients, et dans les mois qui viennent cette demande va se systématiser.

Un mot sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ?

Je n’ai pas le droit d’en parler, il faut voir avec le comité d’organisation. La seule chose sur laquelle je peux m’exprimer c’est que nous sommes l’agence de RP de On Location, opérateur qui gère les hospitalities des JO. C’est d’autant plus passionnant que Paris a toujours été une destination formidable pour l’hospitalité. On observe une très forte demande des sponsors mondiaux pour venir à Paris pendant les JO. D’ailleurs je recommande aux entreprises françaises de ne pas attendre trop longtemps pour organiser leur présence, sinon il n’y aura que les sociétés étrangères qui inviteront leurs clients.  Mon sentiment est que les Jeux de Paris 2024 vont être les plus grands de l’Histoire !

En savoir plus sur...

À lire aussi

Image
Il y a toujours un plan B

Il y a toujours un plan B

J-100. La flamme olympique s’est allumée en Grèce, acte symbolique et dernière ligne droite d’une...