Entretiens

« La régionalisation des events est sans doute l’un des marqueurs de la montée des préoccupations environnementales »

Jacques de la Guillonnière, président et fondateur du groupe Novelty-Magnum-Dushow, nous donne son éclairage sur le secteur des events. Un regard avisé pour ce professionnel de longue date des services techniques événementiels. 

Par Laurence Rousseau , publié le 18/10/2022 à 18:25, mis à jour le 19/10/2022 à 14:25.

Jacques de la Guillonnière
© DR

Comment se porte l’activité de votre groupe ?

Nous clôturons notre exercice au 31 mars, aussi depuis début avril 2022 nous avons une activité très soutenue, avec des pics en avril et mai, alors que ce sont traditionnellement des mois assez calmes. Quant au mois de juin, il a été absolument incroyable avec un fort retour du présentiel, au point de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes. Quant à la rentrée, elle reste dense et notre activité demeure en croissance.

Sur le Live, avec notamment les tournées, le trend reste dense avec beaucoup de projets à l’horizon.

Néanmoins, je pense qu’il va y avoir un ralentissement sur la période de la fin de l’année, tout au moins sur l’activité corporate. Sur le Live, avec notamment les tournées, le trend reste dense avec beaucoup de projets à l’horizon. Du côté de Dushow TV, l’activité fonctionne bien avec beaucoup d’émissions récurrentes ou ponctuelles. C’est donc l’activité corporate qui risque de se stabiliser, voire de freiner. Mais au global l’activité événementielle est lissée et connaît moins de coupure comme précédemment.

Et toujours beaucoup de « last minute » ?

Tout à fait. En raison du Covid, les annonceurs recherchaient des fenêtres temporelles de tir et s’y engouffraient rapidement, aussi ils ont pris encore plus l’habitude de se décider au dernier moment. Par ailleurs, nous notons une demande d’accompagnement de nos clients, notamment de la part d’agences qui peuvent manquer de ressources en interne, plus importante qu’auparavant.

La Fashion Week parisienne vient de se terminer. Quels gros événements sont en ligne de mire ?

Nous avons en effet beaucoup travaillé sur la Fashion Week, avec nos clients Dior ou Saint Laurent, ou sur le défilé Etam pour lequel nous étions en charge du son et de la lumière. Nous voyons d’ailleurs apparaître des défilés avec une dimension scénique plus importante qu’auparavant, avec des showcases d’artistes, des événements produits par des spécialistes de entertainment et moins par des agences historiques.

(...) nous interviendrons sur des grands événements tels que le Mondial de l’auto, mais nous notons aussi une belle dynamique en région où nous sommes présents au travers de 10 bureaux

S’agissant des événements futurs, nous interviendrons sur des grands événements tels que le Mondial de l’auto, mais nous notons aussi une belle dynamique en région où nous sommes présents au travers de 10 bureaux. Il y a des événements plus importants qu’auparavant dans les métropoles régionales, sans doute parce que le business est revenu plus rapidement et plus densément que prévu. Cela peut aussi s’expliquer par la prise en compte des questions environnementales et RSE qui incitent à limiter les gros déplacements vers Paris. Peut-être allons-nous vers une régionalisation des events, au regard des marqueurs et des signaux faibles que nous percevons.

Comment appréhendez-vous le sujet de la sobriété énergétique ? Comment faire aussi bien avec moins ?

Si je reprends le thème de la régionalisation que nous venons d’évoquer, notre sujet est de se rapprocher de nos clients, d’être en proximité afin d’éviter le plus possible de déplacer du matériel et des équipes. Nous avons aussi à cœur de sourcer nos besoins localement.

La consommation sur les événements a d’ores et déjà beaucoup diminué, grâce au LED ou au laser, et des systèmes de son beaucoup plus directifs.

Sur la problématique énergétique, les entreprises du groupe ne sont pas des grosses consommatrices d’énergie. Les clients vont peut-être nous demander la consommation sur leurs événements, charge à nous de leur apporter cette donnée. Mais la consommation sur les événements a d’ores et déjà beaucoup diminué, grâce au LED ou au laser, et des systèmes de son beaucoup plus directifs. Enfin nous utilisons autant que faire se peut du carburant propre pour nos groupes électrogènes.

Et en termes de RSE ?

Le groupe est en plein processus de certification ISO 20121, ce qui n’est pas si simple pour un groupe comme le nôtre qui regroupe 22 entreprises différentes. Néanmoins, nous sommes labellisés Prestadd depuis une dizaine d'années, un label mis en place par le Synpase.

Le secteur événementiel souffre actuellement d’une problématique de recrutement. Est-ce le cas chez vous ?

A l’heure actuelle, nous avons à peu près 10% de postes encore ouverts, faute de candidats. Nous revendiquons un nombre de collaborateurs un peu supérieur à celui que nous avions avant la pandémie, avec notamment l’augmentation des alternants. Par ailleurs nous avons mis en place au niveau du groupe un « GIEC » pour former les jeunes qui sont sortis du marché du travail, une approche en collaboration avec la Fondation des Apprentis d’Auteuil. L’idée étant de les embaucher au terme de leur formation, tout comme nos alternants. Mais il est vrai qu’il y a actuellement une problématique d’embauche, qui s’ajoute à la raréfaction des intermittents avec lesquels nous travaillons beaucoup. A nous entrepreneurs d’offrir aux collaborateurs une meilleure qualité de vie au travail.  

Pouvez-vous nous parler de votre projet en lien avec les industries créatives et culturelles de la ville de Cannes ?

Nous avons quatre entreprises dans la région Sud que nous allons regrouper sur un nouveau site à Cannes La Bocca. Nous tissons des liens localement, notamment avec les universités et écoles, afin de constituer un écosystème, de former nos équipes en leur mettant à disposition des studios, du matériel et des équipements ad-hoc. Un pôle d’excellence, dans le cadre du projet "Cannes on Air" porté par la municipalité, qui rassemblera d’autres acteurs de la filière. J’espère qu’il verra le jour d'ici mi ou fin 2025.

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