Entretiens

« Il faut engager une révolution culturelle, penser avant tout attention et audience. »

À l'occasion du lancement de l'offre Leaders Voice par l'agence Chaïkana, son directeur général Vincent Dumont revient sur quelques fondamentaux en matière de communication événementielle. Dont celui de savoir manier les codes de la prise de parole.

Par Vincent Dumont , publié le 23/11/2020 à 18:14, mis à jour le 29/11/2020 à 08:38.

Vincent Dumont vice président l'événement
© DR

Chaïkana lance Leaders Voice. Cette nouvelle offre répond à quels besoins ?
Nous souhaitions combler le vide généré par la distance. Pas uniquement celle que nous vivons actuellement en raison du Covid, mais une distance qui se développe dans les relations en général et à tous les niveaux de la société, accentuée par l’usage exponentiel des outils digitaux dans notre quotidien. Les relations au travail, à l’entreprise, sont de plus en plus distanciées. Par conséquent nous nous rencontrons et échangeons de moins en moins. En parallèle - et paradoxalement - nous vivons un moment inédit où jamais les entreprises et les marques n’ont eu autant besoin de prendre la parole auprès de toutes leurs parties prenantes. D’où notre idée de développer l’offre Leaders Voice pour redonner le pouvoir à une parole maîtrisée et impactante. Les codes des prises de parole ont changé du fait du développement des canaux digitaux. Il faut véritablement faire passer ce message aux dirigeants, aux entreprises, et les aider à faire évoluer leurs prises de parole. Plus encore à distance, où elles demandent plus d’exigence et de travail préparatoire. C’est ce à quoi nous nous employons avec Leaders Voice.

Se soucier des contenus et de l’appropriation des messages par les différentes audiences était déjà dans l’ADN de Chaïkana ?
Historiquement, l’agence Chaïkana est ancrée dans le contenu, un contenu qui demeure notre plus-value par notre capacité à l’éditorialiser. Nous évoluons donc de plus en plus vers de la production audiovisuelle et du journalisme adaptés au monde de l’entreprise.

Aujourd’hui, la création de valeur repose sur une programmation de contenus et d’images.

Aujourd’hui, la création de valeur repose sur une programmation de contenus et d’images. Sur une capacité à produire un storytelling moderne, des formats inspirés des talkshow, des magazines, de l’infotainment, tout en repensant la planification et la diffusion de ces messages pour toucher les audiences là où elles sont.

Est-ce que les annonceurs, les dirigeants sont conscients de ces enjeux, qui plus est en France où nous avons une culture du discours et de la parole longue ?
C’est très variable. L’évolution des codes est parfois pleinement intégrée, parfois nous devons engager un travail de pédagogie. J’ai souvent tendance à renvoyer mes interlocuteurs à leur propre consommation de l’information. Ainsi ils prennent conscience de la réalité du zapping, de la baisse de la concentration, de l’infobésité, de la consommation de contenus courts et sur smartphone, etc. Leur propre pratique fait donc sens quand il s’agit d’évoquer leurs prises de parole et la manière dont ils communiquent.

Plaçons-nous davantage du côté du récepteur plutôt que de l’émetteur.

D’ailleurs, le sujet de l’économie de l’attention n’est pas nouveau. Ce mouvement de fond que nous suivons de près chez Chaïkana nécessite un travail renforcé sur les formats, certes, mais surtout sur la manière dont les messages sont perçus. Ce qui va être retenu est plus important que ce que l’on va dire. La culture de l’attention est véritablement le sujet clé. Plaçons-nous davantage du côté du récepteur plutôt que de l’émetteur. Il nous faut engager une révolution culturelle et penser avant tout aux attentes des audiences.

Une question générationnelle sans doute également ?
La question générationnelle joue sur les formats, avec en effet une appétence pour des formats courts, mais là encore il y a une véritable attente sur les contenus. Les jeunes générations souhaitent des contenus d’ouverture qui les nourrissent, les font grandir, pas uniquement des sujets qui concernent l’entreprise au sein de laquelle ils ne se projettent pas nécessairement à 5 ans. Là encore nous touchons à un sujet de fond. La culture de l’attention et de l’audience s’impose comme primordiale.

Vous l’envisagez comme une approche conjoncturelle ou un mouvement de fond ?
Leaders Voice est une réponse durable, même si elle résonne davantage dans la conjoncture actuelle. Ces derniers mois ont été source de nouveaux usages et formats, souvent avec moins de convivialité, de partage, d’émotions et d’énergie, mais ils sont bien présents. Cela va perdurer dans un contexte où viennent aussi se greffer les sujets de la mobilité, de la RSE et de la maitrise des coûts.

Comment voyez-vous l’évolution des rencontres et de l’événementiel ?
Nous allons vers un équilibre durable entre le présentiel et le distanciel. Les deux ne s’opposent pas, simplement ils ne procurent pas la même expérience et ne répondent pas aux mêmes objectifs de communication. Il faut donc se poser à chaque fois la question du bon format, du bon canal pour le bon usage. L’enseignement majeur de cette période passionnante est que notre réflexion doit désormais être multicanale. L’événementiel est en train de vivre ce que d’autres secteurs ont vécu il y a plusieurs années, je pense au secteur bancaire par exemple qui a dû revoir tout son schéma relationnel.

A nous de nous adapter.

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