« Etre certifié ISO 20121 est fondamental, mais aujourd’hui ça n’est plus suffisant ! »

Cela fait maintenant 13 ans que vous évangélisez et accompagnez la filière sur le développement durable, l’éco-conception et la RSE. Quelle est votre analyse du chemin parcouru par le secteur durant cette décennie ?

Je retiendrais deux enseignements. Tout d’abord, d’un point de vue culturel, la filière s’est véritablement saisie de ces thématiques. Il y a encore 10 ans, quand vous parliez des sujets RSE, quasiment tout le monde s’en fichait ou considérait que c’était une mode qui allait donc passer. Désormais, nul besoin de perdre son temps à expliquer pourquoi il est fondamental d’avancer sur ces questions. Tout le monde a intégré, pour diverses raisons et parfois de mauvaises d’ailleurs, le fait de devoir prendre en compte les sujets environnementaux, sociaux et sociétaux.

Quand on voit par exemple que la Coupe du monde de football au Qatar vient d’être certifiée ISO 20121, il y a lieu de s’interroger (...)

En revanche, et c’est là que je focuse toute mon énergie, il faut que cette prise de conscience se transforme en actes tangibles. Quand on voit par exemple que la Coupe du monde de football au Qatar vient d’être certifiée ISO 20121, il y a lieu de s’interroger et de rappeler qu’ISO n’est pas une norme mais un outil pour faire de la gestion de projets RSE. C’est fondamental, mais aujourd’hui ça n’est plus suffisant ! Aller plus loin, cela signifie aussi écouter les attentes de toutes les parties prenantes, les citoyens, les participants aux événements, les commanditaires, etc.

Du chemin a été fait sur la question des déchets notamment. Quels sont les angles morts des engagements et actions des professionnels pour réduire l’empreinte carbone des événements ?

Les acteurs de la filière semblent un peu tétanisés face à la question de l’empreinte carbone, comme dans d’autres secteurs par ailleurs. Personne ne communique sur des chiffres, de peur d’être comparés, alors qu’aucun événement ne se ressemble.

Les Accords de Paris et les ODD demandent d’entrer dans une logique de réduction, une baisse de 5% par an de son empreinte carbone, ce qui n’est ni drastique, ni inatteignable.

Il y a encore trop l’idée reçue au sein de la filière que prendre à bras le corps le sujet de l’empreinte carbone de leur activité, c’est admettre que cette dernière est incompatible avec la gestion de la crise climatique. Alors que c’est tout l’inverse ! Les Accords de Paris et les SBT (Science Based Targets) demandent d’entrer dans une logique de réduction, une baisse de 5% par an de son empreinte carbone, ce qui n’est ni drastique, ni inatteignable. Pour être un « bon élève », il faut donc mesurer ses activités puis réfléchir à un parcours de réduction.

Sentez-vous une évolution des donneurs d’ordres sur la nécessité de penser et réaliser leurs événements de manière plus vertueuse ?

Les clients sont sans doute moins anxieux face à ces enjeux car, lorsqu’ils sont issus de grandes entreprises, ils ont déjà des obligations en interne en termes de neutralité carbone. Au fur et à mesure, leurs acheteurs demandent à connaître l’empreinte carbone des prestations qu’ils achètent et la pratique s’installe désormais dans l’événementiel.

Vous avez récemment lancé CLIMEET, un calculateur d’empreinte carbone des événements en association avec SouthPole, ainsi qu’un Label Evénement à Ambition Durable (LEAD) en association avec SGS. En quoi ceux-ci se distinguent des outils existants ?

Le calculateur CLIMEET permet aux organisateurs d’événements – et bientôt aux concepteurs de stands et aux traiteurs – de connaître l’empreinte carbone de leur événement, et ce quel que soit la typologie de l’event et l’endroit où il se déroule. C’est un outil créé par des pros de l’événement et pour des pros de l’événement. Nous l’avons imaginé avec le Festival de Cannes puis l’avons testé auprès de dizaines de chefs de projets événementiels. Récemment l’outil a été choisi par la PFUE pour tous ses événements partenaires, ou encore par l’ADEME pour ses events propriétaires. CLIMEET est donc dédié à la filière mais n’est pas un outil généraliste auquel on aurait implémenté une nouvelle brique. Pour résumer, s’emparer du sujet carbone est une nécessité absolue. Si on ne généralise pas la mesure, on ne pourra pas passer à l’autre étape, celle de la réduction.  

La création de notre Label Evénement à Ambition Durable, elle s’inscrit dans cette volonté d’aller plus loin (...) d’avoir des indicateurs et des objectifs mesurables pour s’engager sur la voie de l’excellence.

Quant à la création de notre Label Evénement à Ambition Durable, elle s’inscrit dans cette volonté d’aller plus loin dans notre démarche. D’un souhait d’avoir des indicateurs et des objectifs mesurables pour s’engager sur la voie de l’excellence. Pour obtenir ce label, l’événement doit remplir 3 conditions : atteindre le zéro net carbone en mesurant, réduisant puis compensant ; être zéro déchet et enfin être un événement à impact social positif en intégrant notamment des personnes éloignées de l’emploi, ou encore en respectant l'égalité des genres au sein des équipes ou encore chez les intervenants sur scène.

Organiserez-vous des Universités d’été des rencontres responsables ou un autre événement à la rentrée ?

Aujourd’hui, la plupart des événements de filière traitent de la thématique du développement durable. Aussi, Green Evénements a pris de parti d’accompagner ces événements de notre expertise organisationnelle et de nos contenus, comme nous le faisons avec les associations GBTA sur le tourisme d’affaires ou ATD dans le tourisme. Enfin nous serons présents sur le salon Produrable à la rentrée avec la nouvelle mouture de CLIMEET. Ce sera le lancement officiel du calculateur !