Entretiens

« Désormais, tout salon doit se concevoir en hybride à la racine »

Alain Bosetti, patron d'En Personne Virtual et d'En Personne Expo, revient pour MyEN sur son actualité et sa vision des events digitaux.  

Publié le 03/02/2021 à 16:53, mis à jour le 04/02/2021 à 09:15.

ALAIN BOSETTI
© DR

Vous avez réalisé 3 salons en octobre et novembre derniers. Quels enseignements et changements retenez-vous de 2020 ?
Nos salons d’octobre (Salon SME) et novembre (Salon des services à la personne, Silver Economy expo) 2020, ont été conçus initialement en présentiel, annoncés « hybride » en juin et finalement organisés dans un format100% digital.

Deux effets se sont conjugués pour nous l’an dernier. Les économistes évoquent souvent la reprise avec des lettres : en forme de L, M ou K. Dans notre entreprise, nous répondions au schéma dit en K puisque notre branche salons physiques s’est effondrée, et en même temps l’activité salons virtuels a enfin décollé. Beaucoup de stress donc avec l’arrêt du présentiel mais aussi avec l’hypercroissance du digital à gérer.

Nous sommes avant tout des entrepreneurs qui pensons que l’événementiel répond à des besoins, au-delà de la logistique classique. Notre ADN repose sur l’accompagnement et le conseil.

Le premier salon virtuel que nous avons organisé date de 2013, j’avais alors l’intuition que le potentiel était important en termes de stretching de l’offre.

Chaque format a ses atouts car nous ne sommes pas prêts de remplacer la convivialité d’un salon en présentiel

Entre 2013 et 2020, nous avons évangélisé sur les bénéfices du virtuel, avec des arguments économiques, écologiques, d’élargissement de cibles, etc., et ça ne prenait pas. Mais à partir de mars 2020, nous avons été submergés par les demandes. Ce qui me frustre un peu est de constater que les éléments rationnels que nous avions avancés n’ont pas été écoutés et qu’il a fallu une crise sanitaire inédite pour bouger. Par ailleurs, il va nous falloir désormais vivre en permanence avec une épée de Damoclès : la pandémie. Et donc la possibilité que toute activité se fige de nouveau. Désormais, nos salons seront conçus à la racine en hybride. Ce qui veut dire évidemment que nous aurons une offre commerciale et un modèle économique adaptés selon les formats. Chaque format a ses atouts car nous ne sommes pas prêts de remplacer la convivialité d’un salon en présentiel.

La digitalisation des salons, un sujet que vous maitrisez donc. Quel est le nerf de la guerre pour réussir ce type d’événements ?
Immerger les participants et maintenir l’attention sont les principaux enjeux.

Car, quand vous organisez un salon ou une convention en présentiel, les participants se sont déplacés et vous les avez « sous la main ». Lors d’un salon digital ou d’une e-convention, les participants ne sont qu’à un clic d’une autre sollicitation.

Cela se joue donc sur la robustesse de la plate-forme car il faut que cela fonctionne et sur l’appropriation par les exposants et les visiteurs ou participants de ce nouvel outil d’interactions. Ok, en 2020, nous avons gagné entre 3 et 5 ans de maturité digitale. Mais ce n’est rien par rapport à plus de 1 000 ans de fréquentation de foires et de salons et donc d’habitudes fortement ancrées depuis des générations.

2020 a accéléré le développement des salons virtuels  ou hybrides et des e-conventions. Mais nous n’en sommes qu’au début de l’histoire

Les contenus doivent être de grande qualité et proposés dans un écrin, c’est à dire avec un design attractif et une ergonomie enveloppante. Un salon virtuel, ce n’est pas un catalogue de fiches exposants sur un site.

2020 a accéléré le développement des salons virtuels  ou hybrides et des e-conventions. Mais nous n’en sommes qu’au début de l’histoire.

Vous avez développé votre plateforme de salons virtuels. Allez-vous la faire évoluer ?
Effectivement. Nous avons développé En Personne Virtual selon un cahier des charges qui nous est propre. Elle a déjà beaucoup évolué depuis mars 2020 grâce aux nouveaux e-events réalisés. Cette plateforme est une colonne vertébrale sur laquelle on ajoute des modules personnalisés, que ce soit pour les prises de rendez-vous en amont, du matching, des outils d’interaction, d’animation, les prises de parole et aussi les prises de commandes, etc. Et bien sûr sur la collecte de datas sur le comportement des visiteurs qui est simplement phénoménale avec un salon virtuel ! Et qu’il faut apprendre à monétiser.

En 2021, quelle sera votre actualité ?
Nos 3 salons sont d’ores et déjà positionnés à l’automne en mode hybride, Nous avons commencé nos réunions de consultations des grands acteurs du Salon des services à la personne. Mais nous y allons doucement car il y a encore tellement d’incertitudes. Nous nous préparons donc à travailler dans le rush de dernière minute. Pour entretenir le lien avec nos visiteurs, tous les mois nous organisons une journée digitale sur différentes thématiques et nous rouvrons virtuellement notre salon.

Pour en Personne Virtual, nous poursuivons l’enrichissement constant de notre plateforme et restons à l’affût de partenariats stratégiques.

Enfin, nous n’oublions ni les enjeux financiers car chaque euro dépensé doit être rentabilisé, ni les enjeux écologiques. Même si tous les acteurs font beaucoup d’efforts en termes d’éco-conception, les salons physiques restent énergivores et polluants. Ceci dit, nous avons conscience de la forte croissance de l’empreinte carbone du digital.

Pour conclure, comment se porte l’entrepreneuriat en France ? Observez-vous des modifications en raison de la crise ?
En 2020, 850 000 nouvelles entreprises ont été créées en France, soit 4% de hausse. Les 2/3 sont des entreprises individuelles, et parmi elles, une majorité d’auto-entrepreneurs. Les motivations sont multiples : La crise a poussé des salariés à créer leur propre emploi ou à compléter leurs revenus lorsque ceux-ci étaient amputés par le chômage partiel. Mais la motivation n°1 reste la quête d’indépendance. Elle arrive en tête de toutes les études depuis 20 ans. Et ce mouvement va se poursuivre car, avec les allers-retours facilités entre salariat et indépendance, l’appétence en constante progression pour le free-lancing et la pluri-activité, les célèbres « slashers » nous vivons une véritable transition entrepreneuriale.

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