Entretiens

Appels d'offres et achats responsables : LÉVÉNEMENT met au défi les annonceurs !  

On se fâche tout rouge côté agences événementielles face à la recrudescence des appels d'offres pas toujours responsables. On en parle avec Cyril de Froissard, président de l'association LÉVÉNEMENT. 

Publié le 06/10/2021 à 14:17, mis à jour le 06/10/2021 à 19:20.

Cyril de Froissard
© DR

Quels sont les sujets d’actualité de LÉVÉNEMENT et votre feuille de route pour les prochains mois ?

Nos priorités des mois à venir sont des sujets sur lesquels nous travaillons déjà depuis un certain temps. Tout d’abord, nous devons poursuivre l’accompagnement de nos adhérents, car nous ne sommes pas complètement sortis de la crise. Dans ce cadre, se pose la question d’un plan de relance pour soutenir l’activité, plan actuellement en discussion auprès des pouvoirs publics.  Vient ensuite le sujet de la représentativité et de structuration de la filière événementielle, qui devrait aboutir à moyen terme à la création d’une convention collective propre à nos métiers.

Troisième sujet essentiel, notre engagement en matière de RSE et comment faire de nos agences de véritables acteurs de la transition énergétique. Un tiers de nos adhérents sont actuellement certifiés ISO 20121 ou en passe de l’être. En 2023 toutes nos agences devront être certifiées. Il faut aller encore plus loin et nos clients doivent nous suivent dans cette démarche concrètement, en allant au-delà des intentions.

Si la fidélité des annonceurs vis-à-vis de leurs agences était bien présente durant la crise, désormais nous sommes en plein Far West !

Et last but not least, nous remarquons que, si la fidélité des annonceurs vis-à-vis de leurs agences était bien présente durant la crise, désormais nous sommes en plein Far West ! Multiplication des appels d’offres sur des budgets intenables et indemnisation desdits appels d’offres sont notamment des sujets très prégnants, qui plus est en cette période de sortie de crise. Il est donc absolument nécessaire de changer les usages.

Votre actualité est le lancement de la campagne « Ligne Rouge Franchie » qui met en exergue l’irresponsabilité de certains annonceurs en matière d’appels d’offres. Un sujet loin d’être nouveau pourtant ?!

Certes, le sujet n’est pas nouveau mais le contexte actuel est inédit. La crise et la montée du digital ont aussi déboussolé les annonceurs, alors qu’ils savent bien que traiter des sujets de communication live c’est notre métier. En revanche, on voit beaucoup plus d’appels d’offres sur des petits dossiers, avec des demandes importantes de livrables, des budgets qui ne correspondent absolument pas aux cahiers des charges, un nombre d’agences en compétition qui explosent, ou encore des délais de plus en plus restreints. Certains annonceurs profitent de la situation encore « fragile » dans laquelle peuvent se trouver certaines agences. Nous voulons donc prendre les devants avant que la situation ne dégénère, aussi nous disons stop, la ligne rouge est franchie.

Les entreprises ne cessent de rappeler qu’elles ont pris des engagements en matière d’achats responsables mais on voit bien le décalage entre discours et réalité

Par ailleurs, les enjeux RSE ont pris une importance considérable, les entreprises ne cessent de rappeler qu’elles ont pris des engagements en matière d’achats responsables mais on voit bien le décalage entre discours et réalité. Or aujourd’hui, les comportements ne sont pas éthiques, ni efficaces et vont à l’encontre des règles et engagements de base.

Les autres agences de communication sont sur la même longueur d’ondes que nous et ont aussi décidé de prendre les devants face à cette tendance de plus en plus nette.

Quelle est votre marge de manœuvre ? Faut-il en arriver au Name & Shame ?

La procédure d’appels d’offres est monnaie courante dans notre métier, mais n’est pas forcément adaptée à chaque dossier. Cela prend du temps – et donc de l’argent- pour le client et surtout pour les agences pour qui ces appels d’offres peuvent représenter jusqu’à 25% de leurs charges fixes.

La sommes des recommandations, des notes stratégiques et créatives qui finissent à la poubelle participent à une forte destruction de valeur mais ont aussi de forts impacts environnementaux.

C’est impossible à supporter pour nos agences ! La solution n’est guère compliquée : soit il y a moins d’appels d’offres, soit il y a moins d’agences sur ces derniers, soit pour de grosses compétitions on passe par une étape de pré-sélection, comme cela existe dans les marchés publics, qui permettrait d’indemniser un nombre restreint d’agences.

Nous interpellerons ceux dont le comportement est abusif ou irresponsable

Quand l’association LÉVÉNEMENT sera mise au courant de pratiques jugées non responsables, nous interpellerons ceux dont le comportement est abusif ou irresponsable, nous enverrons un courrier aux donneurs d’ordres pour leur rappeler les bons usages et nous n’hésiterons pas à saisir le médiateur des entreprises si nécessaire. On constate un écart abyssal entre les intentions déclarées ou affirmées en matière d’achats responsables et les pratiques opérées.

S’agissant du Name & Shame, nous allons prendre la question à l’envers en éclairant les comportements vertueux. Encore une fois, nous ne refusons pas la compétition mais la manière dont elle se déroule.

Quelles sont vos attentes en termes de résultats ?  

Outre notre campagne sur les réseaux sociaux et dans les médias spécialisés, nous faisons remonter des témoignages, anonymes, pour réunir des cas concrets. D’ailleurs, si les donneurs d’ordres et les directions des achats ne prennent pas la parole à cette occasion, ce sera révélateur d’un problème. De plus, nous allons produire une 3e édition de notre événement A-LIVE qui sera entièrement dédiée à cette question des appels d’offres responsables et à cette « ligne rouge » franchie. L’émission sera diffusée fin octobre sur tous nos réseaux, en ciblant les annonceurs en priorité. Nous sommes en train de monter le plateau, sachant que l’idée est aussi de donner la parole à d’autres associations du secteur et à des annonceurs vertueux qui eux ont compris qu’une bonne relation agences/annonceurs c’est du gagnant-gagnant. Nous sommes là aussi pour leur tendre la main. Il ne s’agit pas de se mettre en situation d’opposition systématique et nous sommes conscients que c’est un travail de longue haleine. Mais là, nous sommes obligés de taper du poing sur la table pour nous faire entendre et que les choses changent.

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