L’édito

Tenons nos émotions à bonne distance

Face à l’accumulation d’événements aussi horribles que désespérément tragiques, comment absorber ces derniers sans saturer notre charge cognitive, sans céder à la spirale périlleuse du déchaînement des passions ou nous carapacer dans une froide indifférence ? La réponse est de moins en moins simple ... 

Par Laurence Rousseau, publié le 18/10/2023 à 17:06, mis à jour le 18/10/2023 à 17:06.

Tenons nos émotions à bonne distance
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Notre attention étant sans cesse captée par des affects savamment entretenus pour nous faire réagir dans l’immédiateté, et si possible alimenter la polémique. Les recherches comportementales et cognitives nous ont appris que Descartes avait tort de séparer les émotions de la raison. Que sans les premières nous réfléchissons mal, et que les seules émotions ne sont pas bonnes juges. Pour autant, nous n’arrivons pas toujours à tenir à bonne distance nos émotions pour réfléchir dans la nuance.

Les événements qui nous occupent habituellement - parlons d’ailleurs ici d’events au regard de l’actualité - devraient être libérés des passions tristes, pour ne laisser la place qu’à la réflexion et aux émotions positives. Mais l’événementiel est par nature perméable à de nombreux facteurs, et la géopolitique ne fait pas exception. C’est ainsi que des positions controversées ont fait réagir des écrivains vis-à-vis du Salon du Livre de Francfort qui a décidé de reporter la remise d’un prix à une auteure palestinienne. A Lisbonne, ce sont les propos jugés pro-palestiniens du CEO du Web Summit qui ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux et provoquer l’annulation de la participation d’acteurs importants de la Tech, notamment Israéliens, mais pas uniquement. 

L’échange et la connaissance, la rencontre et la conversation doivent provoquer des passions joyeuses. Celles qui nous donnent l’envie d’agir, et qui, au lieu de diviser, portent une notion commune. C’est en tout cas l’une des raison d’être de l’événementiel.

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