L’édito

Start up, Start down ?

La faillite de la SVB accélère la prise de conscience de la fragilité économique du numérique. « On n’avait pas besoin de ça », direz-vous. Toute crise a du bon, même s’il faut revenir à des choses simples voire à des fondamentaux pour le re- découvrir.

Par Xavier Dordor, publié le 15/03/2023 à 15:37, mis à jour le 16/03/2023 à 10:11.

Start up, Start down ?
© DR

La faillite de la SVB, toujours elle, est en partie due à la confrontation d’une économie spéculative avec la réalité de la montée des taux d’intérêts de la FED pour lutter contre l’inflation. Même si cette recette a déjà montré des limites par le passé, c’est le réalisme de ce mécanisme économique qui domine. 

La French Tech on le sait est fragilisée depuis quelques trimestres, et la fébrilité des actionnaires du digital va se nourrir de cet épisode de la SVB. L’Atlantique n’est guère une barrière en finance. Espérons que les secousses sismiques de la Silicon Valley n’auront pas de répliques ni fortes ni durables en Europe notamment. 

Ce séisme, selon les experts, aura certainement un premier effet de consolidation, les scale up absorbant les plus petits et récupérant à moindre coût des cases technologiques qui leur faisaient défaut ou qu’elles peuvent optimiser. Les plus petits - ou au moins leurs patrons les plus inventifs - s’ouvrant par la même des opportunités de développements industriels partagés, parfois préférables à des financements itératifs à risques. Cette consolidation est d’autant plus souhaitable avec la rareté de la monnaie disponible qui s’annonce

Deuxième effet : l’avènement de plus de pragmatisme dans la valorisation des entreprises du digital habituée à des coefficients multiplicateurs spéculatifs du CA plutôt qu’à des évaluations de marges structurantes. Ce retournement est un assainissement financier, c’est aussi une promesse de solidité pour des plus-values industrielles ou pour des différenciations réelles de l’offre. 

Trop de start-up sont gémellaires et leur spécificité n’est pas avérée. Elles sont là pour tenter de s’approcher d’une part du gâteau ou du fromage, c’est comme vous le sentez, plus que parce qu’elles ont une idée réellement disruptive qui peut le faire s’agrandir ou le valoriser. 

Il en est peut-être ainsi dans l’achat média avec la multiplication de solutions programmatiques non différenciées en dehors de leurs marques ou de leurs actionnaires. Peut-être dans l’événementiel avec le développement des plateformes intégrées peu servicielles, comme dans le retail média avec des promesses abusives d’omni-canalités… La profusion n’est pas toujours synonyme de différenciation.  Mais bien malin est celui qui sait distinguer au bon moment le caractère disruptif réel de la simple contribution marginale. C’est un savoir-faire qui se nourrit de réalisme et de métier, avant de devenir peut-être spéculatif. Dans ce sens-là, pas dans l’autre.

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