L’édito

Réarmement de l’attention 

Analysée sous le prisme événementiel, la prise de parole mardi soir du Président de la République est un cas d’école de ce que tout bon communiquant lui aurait certainement déconseillé de faire.

Par Laurence Rousseau, publié le 17/01/2024 à 15:58, mis à jour le 17/01/2024 à 18:23.

Réarmement de l’attention
© franceinfo

Tout d’abord, en raison du choix du format de la conférence de presse. Un événement par nature formaté, où chacun tient son rôle, sa place et son temps de parole. Surtout une scénographie de type “classe” très contrainte et n'ayant vraiment rien de télégénique, avec pour résultante l’impression de suivre en live un proviseur venu présenter, en compagnie de son équipe pédagogique, les grandes lignes de l’année à venir devant un parterre de parents d’élèves. Certes l’enseignement, l’éducation et l’école étaient bel et bien des thèmes forts de son intervention - d’ailleurs on lui souhaite tout le meilleur pour déterminer le bon usage des écrans auprès de la jeunesse - mais on n’était pas à l’abri d’un endormissement en fond de classe. 

Ensuite, et puisque le champ lexical du président est à dessein guerrier, la guerre de l’attention était loin d'être gagnée avec ce prime time de 2h15, sans coupure pub pour les chaînes concernées. A l’heure où notre temps d’attention réelle est inférieur à celui d’un poisson rouge, faire long a donc été une prise de risque assumée par un exécutif sûr de sa (bonne) parole. Avec une audience de 8,7 millions de téléspectateurs, on est cependant loin des 15,1 millions de Français écoutant Emmanuel Macron au lendemain de la promulgation de la réforme des retraites. 

Cette conférence de presse - certainement pas le grand rendez-vous avec la nation annoncé, espérons-le en tout cas - était donc un exercice de pédagogie et de diffusion d’informations propres à nourrir les médias et à fixer un cap devant les téléspectateurs. Aux premiers, il reviendra de faire leur travail d’analyse, au second de prendre bonne note d’un changement dans la continuité, mâtiné d’audace, de combats et d’actions. 

Enfin, Emmanuel Macron a voulu faire une nouvelle fois du “en même temps”, en prenant une posture d’un autre temps, tout en voulant parler du futur et de la jeunesse. Pourtant il est clair que ce n’était pas à cette dernière qu’il s’adressait mardi soir, mais à la France qui regarde (encore) la télévision et qui glisse (de moins en moins) son bulletin de vote dans les urnes. 

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