L’édito

L’événement, dernière agora de la pensée plurielle ? 

Par effet de balancier, ne serait-on pas en train de partir en sens inverse sur des sujets sociétaux aussi importants que le sexisme ou l’écologie ? Réalisé par l’institut Viavoice pour le Haut Conseil à l’Egalité, les résultats du dernier baromètre sur le sexisme ont de quoi inquiéter par exemple...

Par Laurence Rousseau, publié le 14/02/2024 à 16:28, mis à jour le 14/02/2024 à 21:28.

L’événement, dernière agora de la pensée plurielle ?
© Pexels

Ainsi, 23% des jeunes hommes (25-34 ans) estiment qu’il faut être parfois violent pour se faire respecter. Se sentant menacés par le mouvement #MeToo et la vague féministe, ceux-ci sont ainsi de plus en plus nombreux à prôner des valeurs virilistes. Dans le domaine de l’écologie, c’est une autre petite musique qui se fait entendre chaque jour davantage, sur le refrain du “ les objectifs sont trop élevés, la France en fait déjà beaucoup, l'environnement ça commence à bien faire !”. Le tout dans un contexte de radicalité binaire, où l’on oppose bobos bien pensants des villes aux ruraux-pollueurs des champs, jeunesse wokiste aux boomers réac’, féministes hystériques aux masculinistes hargneux. Pour la nuance, on repassera !

Signe de la résurgence d’une pensée conservatrice, ce backlash est une réalité, pas une fatalité. Et s'il s’exprime sur nombre de médias, notamment sur les réseaux sociaux mais pas que, il demeure un domaine où la pensée plurielle a encore droit de cité. L’événementiel reste en effet le lieu où, même si l’on parle beaucoup de communautés, les publics divers sont invités à se mélanger. Où les avis contradictoires peuvent se retrouver autour d’une table pour débattre et non combattre. Pour entretenir le doute et penser contre soi-même. Tant que le Medef, par exemple, continuera d’inviter des activistes à ses Universités d’été, l’événementiel demeurera une agora de la pensée plurielle. Car de l’entre-soi, nous n’avons rien à gagner. 

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