L’édito

Coups de griffe dans le contrat de confiance

Les études se succèdent et ne font que confirmer la tendance. La confiance a déserté les Français. Ainsi, selon le dernier rapport Ipsos Global Trends, 70% des Français ne sont pas d’accord avec l’assertion suivante « Aujourd’hui en France, on peut faire confiance à la plupart des gens ». 

Par Laurence Rousseau, publié le 22/03/2023 à 17:27, mis à jour le 22/03/2023 à 18:54.

Coups de griffe dans le contrat de confiance
© DR(39)

Un chiffre en hausse de +15 points par rapport à 2018, et qui en dit long sur ce fameux contrat de confiance que beaucoup voudraient voir restaurer.

Perte ou absence de confiance vis-à-vis des politiques, des médias, des institutions, des élites, des banques, des étrangers, des policiers, voire des scientifiques et du corps médical à l’occasion de la crise sanitaire, la liste s’alimente à bon train. Avec pour conséquence un délitement du collectif, un lien social abîmé, ou encore une défiance envers la capacité de l’Etat à anticiper l’avenir et à mettre en place des politiques volontaristes. La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres, disait Jean-Paul Sartre.

Il serait urgent de travailler au rétablissement d’une confiance durable, sans même se demander si celle-ci était d’actualité par le passé. Grâce à son pouvoir performatif, la confiance peut certes se décréter et s'installer. Mais il y a peu de chance que la spirale de défiance ou de méfiance actuelle s’inverse. Est-ce pour autant un frein à l’action et à la prise de décision ? Le contrat de confiance que nous signons symboliquement avec nos représentants politiques par exemple est-il synonyme de blanc-seing ? Evidemment non, et c’est heureux. C’est un pari sur l’avenir qui n’empêche pas les moments de défiance, de contrôle et de jugements critiques. Ceci prévaut dans le monde de l’entreprise où, pour autant, la confiance s’est davantage ancrée à la faveur de la crise Covid et de ses conséquences sur les modes de travail. Aujourd’hui, les managers font le pari de la confiance immédiate vis-à-vis de leurs collaborateurs à distance, de leurs jeunes recrues ou de prestataires qu'ils appellent volontiers des partenaires. Un pari pascalien, peut-être fait contraint et forcé, mais qui peut finalement s’avérer payant. 

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