Coup de projecteur sur la  « Matinée du SNPTV »  2024

Après le succès du format renouvelé en 2023, la « Matinée du SNPTV » est revenue pour une nouvelle édition le vendredi 5 avril 2024 au théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées à Paris. Plus de 500 participants et un panel d’intervenants de qualité étaient présents à cette conférence consacrée à l’avenir du média audiovisuel sur le thème de « Création et information : la télévision au centre de l’attention ». 

En introduction, François Pellissier, président du SNPTV (représentant de 8 régies publicitaires) a évoqué le rôle crucial d’utilité sociale de la télévision dans un contexte d’explosion de l’intelligence artificielle, d'une accélération des fake news et de mutations d’usage mais également son rôle en termes d’« efficacité publicitaire ». Il a ainsi souligné la nécessité de lever les asymétries publicitaires concurrentielles notamment face aux GAFA auxquelles est soumis le media audiovisuel. Un sujet abordé lors de la première table ronde qui réunissait les dirigeants des principaux grands groupes audiovisuels français, Rodolphe Belmer (TF1), Arthur Dreyfuss (Altice Media), Delphine Ernotte (France Télévisions), Maxime Saada (Canal+) et Nicolas de Tavernost (M6).

Plusieurs études sur le marché publicitaire montrent la croissance des plateformes internationales aux dépens des acteurs nationaux.

En effet, plusieurs études sur le marché publicitaire (Observatoire de l’e-Pub du SRI et de l’Udecam, Arcom et ministère de la Culture…) montrent la croissance des plateformes internationales aux dépens des acteurs nationaux. « Sur le gratuit, nous constatons un développement extrêmement rapide des plateformes publicitaires digitales (Facebook, TikTok…) plus de 50% du marché de la publicité de notre pays est capté par les Gafa. Ce taux n’arrête pas de croître (…) car les asymétries réglementaires le permettent (…). Le secteur audiovisuel est de plus en plus régulé (…) alors que l’univers des GAFA n’est pas contraint. Ce qui pousse les annonceurs à investir auprès de ces grands acteurs et de façon inévitable. Mais, cela siphonne la capacité de financement audiovisuel de l’information et du divertissement des grands acteurs historiques. Et, c’est en train de toucher l’audiovisuel avec la publicité vidéo qui se déploie chez les GAFA », a indiqué Rodolphe Belmer qui appelle l’État à « prendre la mesure de ces asymétries » pour donner aux acteurs historiques la capacité de lutter à armes égales avec les plateformes et « le monde économique » à se rendre compte des effets « discutables et socialement délétères » d’investissements de plus en plus vers les GAFA et des enjeux pour une société cohérente et l’avenir de l'audiovisuel.

Parmi les autres sujets abordés, la montée en puissance sur le numérique chez les groupes audiovisuels français

Parmi les autres sujets abordés, la montée en puissance sur le numérique chez les groupes audiovisuels français (lancement TF1+ le 8 janvier 2024 et arrivée de M6+ le 15 mai 2024, lancement d’une chaîne sur le numérique par France Télévisions pour les Jeux olympiques) ou encore les consolidations dans l’audiovisuel aussi bien dans le public et le privé devenues inévitables. « Dans cet univers du numérique, on est des nains. L’union fait la force. Ce n’est pas un secret que je suis très favorable aux consolidations dans l’audiovisuel public », a rappelé Delphine Ernotte. 

Ce premier temps d’échanges s’est poursuivi par la keynote intitulée "Quelle attention portée à la publicité TV et CTV ? » de Dorothée Rieu, fondatrice et PDG de l’institut Médiamento et Docteur en Neurosciences et Fabien Magalon, Co-founder et CEO de la technologie Xpln.ai avec lesquels le SNPTV a réalisé une étude sur l’univers Broadcast pour donner des indicateurs tangibles sur l’attention publicitaire de la TV, de la CTV et des plateformes vidéo. Capter l’attention du public est un nouveau défi pour les annonceurs, sachant que les consommateurs de plus en plus sollicités sont exposés à une moyenne de 1200 stimuli publicitaires par jour. Les résultats de l’étude indiquent une durée d’attention active de 16’’ ramenée à 20’’ à l’égard de la Pub TV, soit un Vidéo Attention Ratio (V.A.R) équivalent à 80-81% quel que soit le format du spot. 

Lors de la table ronde qui a suivi, Christine Robert (IREP), Faïza Rabah (Havas Media Network / UDECAM), Jean-Luc Chetrit (Union des marques) et David Leclabart (Australie Gad/ AACC) ont échangé sur les nouveaux défis à relever concernant la création et l’attention publicitaire. Nouveau rythme avec l’interview de Thierry Cotillard, président de la Société Les Mousquetaires (SLM) pour qui « la télé est un media très important, nous faisons de la grande consommation, pour toucher le plus grand nombre de Français (…) et le meilleur pour installer une posture de marque, un positionnement, une promesse consommateurs et créer la préférence ». Il a ainsi évoqué l’impact de la TV dans sa stratégie de communication et partagé avec le public l’histoire de la saga publicitaire Intermarché récompensé par de multiples Effie Awards avec son agence Romance. 

Dernier acte de la « Matinée du SNPTV », le rôle de l’information à l’ère du numérique et des fake news » en présence de Christine Kelly (Cnews/Canal+), Benjamin Duhamel (BFMTV/Altice), Kareen Guioch Thuram (M6), Anne-Claire Coudray (TF1) et Thomas Sotto (France TV) qui ont expliqué leur métier, comment les fake news ont transformé le fonctionnement des rédactions et combien l’argent (soutien des annonceurs) est essentiel "pour envoyer des journalistes sur le terrain, détricoter une idée fausse et respecter le rythme de la vérité », indique Anne-Claire Coudray. Ils sont également revenus sur l’engagement des journalistes, la transmission, le dosage de l’information et son décryptage qui fait la différence face au flux continu de news sur le net. 

Le phénomène de l'attention capture une bonne partie de la plus value de la télévision par rapport à d’autres médias (…), David Larramendy, Groupe M6

C’est David Larramendy (M6 Publicité et successeur de Nicolas de Tavernost à la tête de M6) qui a conclu la Matinée en revenant sur « Le phénomène de l'attention capture une bonne partie de la plus value de la télévision par rapport à d’autres médias (…) Il y a un contrat d’écoute entre le téléspectateur et les chaines, entre le téléspectateur et les annonceurs et leurs messages publicitaires qui est très fort. (…) ». Mais également sur le thème de l’information en évoquant les événements dramatiques relayés ces derniers jours dans les médias. « La télévision essaie de rassembler avec toutes les limites. Ce phénomène qu’il faut arbitrer de manière permanente entre diffuser de l’information rapidement et prendre le temps de la vérifier est complexe. (…) Cela montre la valeur de l’information télévisuelle et je pourrai associer d’autres médias à ce projet, la radio et la presse.(…). Cela coûte cher. C’est pour cela que nous vous demandons de continuer à investir massivement en publicité à la télévision pour financer l’information, nos émissions,  vos audiences et faire évoluer nos médias.(…) ».