News

La Presse au Futur et vous - « Labelliser l'info vérifiée est un défi très motivant »

Spécialiste de l'abonnement numérique au sein d'Hattier Consulting dont il est président, Jean-François Hattier détaille la marge de progression des médias français dans ce domaine.

Publié le 30/11/2022 à 16:55, mis à jour le 30/11/2022 à 16:58.

JF Hattier
© DR

Pendant La Presse au Futur, vous animez une conférence intitulée « Développement des abonnements : capitaliser sur les bonnes pratiques BtoB pour affiner sas stratégie BtoC ». En quoi les médias BtoB ont-il plus d'avance que ceux BtoC dans le domaine de l'abonnement ?

Je ne pense pas que les médias BtoB aient beaucoup à apprendre aux médias BtoC mais parfois, les secteurs sont enfermés dans leurs habitudes et ça ouvre les chakras d'aller voir ce qui se fait ailleurs. Il s'agit donc plus d'un échange de bonnes pratiques entre deux secteurs plutôt que l'affirmation de la prédominance de l'un sur l'autre. Pour mieux illustrer mon propos, quand Les Échos, média que l'on peut qualifier de BtoB, ont entamé leur transition numérique, ils se sont nourris de ce qui se faisait en BtoC. Inversement, beaucoup de médias BtoC s'inspirent aujourd'hui des stratégies événementielles de leur homologues BtoB ou de la manière dont ils travaillent l'engagement de leurs abonnés – profondeur de l'offre, personnalisation…

Le Monde est le média français qui compte le plus d'abonnés numériques (300 000), soit vingt-cinq fois fois que le New York Times (7,5 millions). Les médias français sont-ils en retard sur leurs homologues anglo-saxons ? 

Attention, les chiffres sont parfois trompeurs. Aux États-Unis, le marché est dominé par quelques mastodontes comme le New York Times ou le Washington Post. Mais derrière eux, beaucoup souffrent, notamment la presse régionale. Ensuite, les médias anglo-saxons regroupent tous leurs abonnés sous une même bannière alors que certains ne sont abonnés qu'à leur appli de mots-croisés, par exemple. Enfin, l'utilisation de l'anglais est une force considérable pour parler partout dans le monde. Les médias français nationaux réussissent leur transition numérique, aucun doute là-dessus, mais elle est plus lente qu'ailleurs en raison d'un attachement au papier encore très présent, j'en veux pour preuve le faible développement de l'e-book dans notre pays.

La généralisation de l'info professionnelle payante laisse-t-elle le champ libre à une info non vérifiée mais gratuite ?

Les réseaux sociaux, l'infobésité sont évidemment un terrain fertile pour les fakes news. Ce n'est pas nouveau – avant, il y avait ceux qui s'informaient au comptoir et ceux qui achetaient le journal – mais c'est tout de même un danger qui oblige les médias à se lancer un nouveau défi : labelliser une information certifiée et contrôlée et faire preuve de beaucoup de pédagogie auprès de son public. Ce défi est de taille, c'est pourquoi il est très motivant !

www.hattier-consulting.com

À lire aussi

Image
Il y a toujours un plan B

Il y a toujours un plan B

J-100. La flamme olympique s’est allumée en Grèce, acte symbolique et dernière ligne droite d’une...