« C’est dans des efforts de sobriété que l’on est le plus cohérent dans une démarche d’événement écoresponsable. »
Quelles sont les moyens pour rendre un événement écoresponsable, les points d'attention et les postes avec les plus gros impact environnemental ? MyEventNetwork a rencontré Cécile Colonna d'Istria, fondatrice du salon Produrable, grand rendez-vous annuel des acteurs de l'économie durable dont c'est la 13e édition cette année. Interview.
Publié le 05/06/2020 à 17:47, mis à jour le 04/11/2020 à 19:10.
« Quand j’ai créé Produrable en 2008, mon idée était de faire un événement qui ne soit pas un salon professionnel comme un autre. Entre autres, je ne souhaitais pas que chacun puisse aménager son stand comme il le souhaitait. J’avais une expérience de 15 ans dans les salons professionnels et j’avais vu beaucoup de gâchis et de destruction. En mettant à disposition des stands clés en main, je garantissais un seul camion d’aménagement général et un camion qui livrait le mobilier. Les gros postes d’impact environnemental pour un événement professionnel c’est l’installation générale, le transport et la logistique. Avec notre système, nous limitons le transport et les constructions éphémères.
Par ailleurs, nous utilisons des cloisons mélaminées les plus basses possibles afin de décloisonner au maximum les espaces, même si c’est important pour les partenaires d’avoir leur espace. Le mélaminé est ce qui nous semble le mieux : c’est réutilisable et solide. Nous avons testé les cloisons en carton mais c’est beaucoup plus fragile, et cela fait beaucoup de déchets. Le bois est également plus compliqué car plus lourd.
Jusqu’à cette année, nous utilisions de la moquette pour matérialiser les espaces de chaque stand, et nous demandions à nos installateurs de la recycler. Cette année, nous avons proscrit son usage. Nous allons simplement coller des scotchs au sol pour bien définir les espaces.
Notre installateur général dispose de solutions de recyclage. Nous comptabilisons très peu de déchets : pas de moquette, un mobilier qui est réutilisé, des stands de services plus que de produits. Nos déchets consistent en ce qui a été consommé sur place, et un peu de documentation.
Nous avons milité pour la mise en place de poubelles de tri sélectif, ce que le Palais des Congrès a fait installer.
Nous dressons notre bilan carbone depuis plusieurs années déjà. Depuis l’an dernier, nous avons mis en place une action de compensation en plantant des arbres, et sommes devenus neutre en carbone. Cette année, nous allons encore plus loin car, en plus de la compensation carbone, nous allons planter un arbre par visiteur.
Nous organisons cet événement au palais des congrès de Paris : 11 salles de conférences qui tournent en permanence et une surface de rencontre. Or, il est impossible de véritablement choisir son traiteur, le Palais des Congrès fournit une liste agréée. Dans cette liste, je prends soin de choisir ceux qui sont allés le plus loin dans leur engagement.
La grande bataille concernant l’eau c’est celle du plastique. Or, pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas distribuer de bouteilles en verre à tous les visiteurs. Nous installons des fontaines à eau avec des gobelets en carton recyclés. Et les salles de conférences sont pourvues en bouteilles en verre que nous remplissons régulièrement. Mais cela occasionne de la manutention.
Selon moi, c’est dans des efforts de sobriété que l’on est le plus cohérent dans une démarche d’événement écoresponsable. Il faut se poser les bonnes questions. »
