« Le renforcement de la coopération entre les acteurs européens me parait essentiel pour l’avenir »

Cette année, le thème du colloque NPA / Le Figaro est « Médias, Télécom, numérique : Ces initiatives qui construisent l’Europe de 2024 ». Pourquoi ce choix ?
Le 14 mai, nous serons à 12 jours des élections européennes, ce qui veut dire non seulement le renouvellement du parlement mais aussi, la nomination d’une nouvelle Commission. Par ailleurs, nous allons pouvoir dresser le bilan de la commission Junker qui avait fait du marché unique numérique un thème central très fort. Nous sommes en train d’étudier une dizaine de textes qui concernent directement les médias et les télécoms. Certains textes doivent maintenant être transposés en droit français, comme c’est le cas de la directive SMA, ou du Code Européen des Télécoms. Il reste un certain nombre d’étapes à franchir. L’Europe nous est apparue comme une évidence. 

Comment allez-vous couvrir tous ces thèmes ?
Nous voulions aller au-delà de la dimension institutionnelle, même si elle sera traitée, avec notamment la table ronde sur la Commission Junker. L’un de ses chantiers prioritaires est la création d’un marché unique numérique, permettant aux contenus et aux services de circuler plus librement qu’auparavant, dont l’objectif est aussi de répartir plus de qualité et d’équité entre les acteurs des différents pays. Comment cela se traduira-t-il dans les années à venir ? 
Par ailleurs, il nous a paru important de parler de la fiscalité du numérique, qui a pris beaucoup de place ces derniers mois, avec Pierre Moscovici dont c’est le dossier à Bruxelles, ou Eric Woerth, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale et qui a présidé à l’examen du projet de taxe en France. 
Nous allons également parler d’information, non pas pour se désoler des fake news mais pour montrer qu’il existe des dispositifs d’antenne permettant d’intéresser le public aux vrais enjeux européens. 
Nous évoquerons les coproductions européennes et l’Europe des contenus. Les réseaux effacent les frontières physiques, les acteurs sont dans la démarche de distribuer partout et d’avoir une promesse à peu près équivalente dans l’ensemble des pays, mais les producteurs ne sont pas encore majoritairement organisés pour ça. Tout cela va se mettre en place petit à petit. 
Les marques sont aussi concernées par l’Europe : comment développer une marque et une communication européenne ? Aujourd’hui le numérique devrait accélérer ce mouvement parce que les contenus circulent, et malgré tout, ça n’a pas l’air d’être aussi simple que ça. Des publicitaires et des annonceurs viendront échanger sur le sujet. Enfin, l’UEFA viendra parler de la réflexion d’une super ligue de football européenne. 

Faire réfléchir les gens ensemble à l’Europe, c’est aussi une manière d’aider à la faire évoluer

Qu’attendez-vous de ce colloque ?
Nous souhaitons faire en sorte que les idées qui y circulent fassent avancer la réflexion collective. Faire réfléchir les gens ensemble à l’Europe, c’est aussi une manière d’aider à la faire évoluer. D’ici la mi-mai, l’Euroscepticisme aura sûrement fait son chemin, c’est aussi une manière de compenser ça. 

Vous-même, comment envisagez-vous l’avenir de l’Europe des contenus, des médias, des télécoms ?
Le renforcement de la coopération entre les acteurs européens me semble essentiel. D’autant plus que l’Europe ne peut pas se contenter d’être un débouché commercial pour les acteurs américains, japonais, coréens ou chinois. Pour cela, il faut probablement tenter de collaborer de plus en plus fortement, et continuer à faire converger, à rapprocher les règlementations applicables, de manières à ce que les Européens puissent travailler plus facilement ensemble. Ce n’est pas encore le cas.