Entretiens

« Le secteur du luxe doit se réinventer. Les marques sont obligées de se remettre en question, mais c’est en même temps une opportunité, un levier de création très fort. » 

Placée sous le signe de la « Nouvelle aire », le Salon du Luxe, le 9 juillet, explore les différents territoires du luxe. Fondatrice du Salon, Laura Perrard revient sur les nouveautés de l’événement, sur les tendances susceptibles d’impacter le marché dans l’avenir, et sur la nécessaire réinvention du secteur. 

Publié le 02/07/2019 à 17:49, mis à jour le 04/11/2020 à 19:10.

Photo de Laura Perrard
© DR

Quel est l’objectif du Salon du Luxe ?
Auparavant, « faire salon », c’était se retrouver entre pairs afin d’échanger, de débattre. C’est exactement l’objectif du Salon du Luxe. Nous n’avons pas vocation à donner des réponses toutes faites, mais à susciter des questionnements, des réflexions sur l’avenir et les tendances du secteur. Le Salon propose des conférences sur des mutations en cours ou à venir, dans une dimension prospective, avec des témoignages, des partages d’expériences… devant un millier de personnes, tous décideurs du luxe.

Vous avez vendu le Salon du Luxe à Médiaschool, qu’est-ce que ça change ?
C’est une nouvelle ère qui commence ! L’équipe organisationnelle change, mais l’ADN reste le même. Cette année, nous avons installé un studio au sein du Salon, où sera enregistré un podcast, baptisé « On fait salon », sur des contenus polémiques et distingués, qui sera diffusé après l’événement.

Cette nouvelle édition du Salon du Luxe s’intitule « Nouvelle aire » pourquoi ce choix ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous avons choisi l’intitulé « Nouvelle aire », non pas « air » ou « ère », car il s’agit ici des nouveaux territoires du luxe. Et ils sont multiples.
Nous allons parler des nouveaux territoires géographiques, par exemple, car une grande partie du marché du luxe va se développer en Chine. Nous commençons à voir émerger des « Created in China ». C’est devenu un territoire d’inspiration, et c’est une nouveauté. De même, nous allons évoquer les nouveaux territoires d’expression aussi, avec le sujet très fort et très attendu de l’inclusivité. Les marques ont aujourd’hui le devoir de faire passer des messages, : le luxe s’attaque aux stéréotypes, avec un nouveau rapport à la masculinité, le « black luxury » ou encore l’aire post #MeToo…  
Nous allons nous intéresser à la nouvelle aire du foot, avec l’accord qui vient d’être passé entre le PSG et Nike. Nous allons parler nouveaux territoires de la communication, avec les réseaux sociaux notamment. Ou encore la nouvelle aire « sustainable » puisqu’il y a une vraie demande, plus particulièrement de la part des jeunes générations, d’un luxe plus responsable, avec une traçabilité des produits, une plus grande transparence…
Le secteur du luxe est dans une dynamique de rechercher des solutions. Le Salon va proposer des outils qui peuvent servir très concrètement aux marques.

Quelles tendances avez-vous pu observer cette année ?
On observe des tendances fortes. Beaucoup de choses sont en train de changer dans le bon sens. Les marques de luxe mettent en place des actions concrète en termes de développement durable par exemple. Elles sont dans une dynamique d’intégration de l’innovation. De même, nous sommes en train de revenir aux racines du luxe : il y a une recherche de produits et d’expériences de plus en plus authentiques. Les clientèles, notamment chinoises, sont friandes de découverte de savoir-faire, de culture, de life-style associés à la marque. C’est un retour aux racines du luxe et de la création. Et, tout en innovant, si les marques restent attachées à leur histoire et à leur promesse, fidèle à leur ADN, elles réussiront leur mutation.

Quels types d’innovations sont mises en place dans le luxe ?
Nous voyons se développer de plus en plus de solutions liées à l’intelligence artificielle, qui permettent de mieux comprendre la clientèle, pour lui proposer des produits et des services d’avantage ciblés, avec un niveau de personnalisation optimal. La blockchain commence également à s’installer en amont et en aval de la production des produits : elle peut être utilisé comme carte d’identité virtuelle du produit, ou pour suivre sa traçabilité.
De même, le luxe est passé au tout digital. C’est un véritable enjeu car auparavant le vendeur en boutique était l’ambassadeur de la marque : comment conserver la qualité de la relation client sans l’expérience en magasin ? Cela implique de réfléchir à des innovations sur chaque point de contact avec le client final.

Au-delà des conférences et de l’espace d’exposition, le Salon propose des « expériences », qu’est-ce que c’est ?
Dans le luxe, l’idée est de susciter des émotions. C’est parce que ses clients vont vivre un instant particulier qu’ils ne pourront pas l’oublier. Le produit intègre une dimension émotionnelle extrêmement forte. Le Salon s’inscrit dans cette mouvance.  Nous créons de vraies expériences avec de petites capsules artistiques, mais aussi des capsules philosophiques, qui offrent des regards de côté sur les sujets business.
Enfin, un espace bien-être est mis en place où les visiteurs peuvent s’installer, profiter d’un massage, etc.

La France est-elle toujours la patrie du luxe ?
Oui, même s’il est important de regarder ce qu’il se passe ailleurs, Paris fait toujours référence à la création française à travers la mode et le luxe. Cela fait partie de notre patrimoine. Et ce qui nous sauve, c’est notre savoir-faire. Car la création existe partout à travers le monde, mais les savoir-faire n’existent encore qu’en France. Il faut les conserver en y intégrant de l’innovation.

Comment voyez-vous l’avenir du luxe ?
Le secteur du luxe doit se réinventer, avant les autres. Les grands créateurs de grandes maisons ont toujours été pionniers, ont toujours eu un temps d’avance. Prendre des risques, c’est ce qui est attendu. Les maisons de luxe ont l’obligation aujourd’hui de se réinventer, pour faire face aux mutations du secteur, et aux attentes des jeunes, qui sont une clientèle beaucoup plus volatile qu’auparavant où les clients pouvaient être fidèles à une marque durant tout un parcours de vie. Aujourd’hui, la consommation est totalement différente, les marques sont obligées de se remettre en question constamment, mais c’est en même temps une opportunité, un levier de création très fort.

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