Entretiens

« L’Analyse du Cycle de Vie permet d’éclairer des choix et des décisions dans la manière de concevoir les campagnes de communication. » 

Acteur engagé pour la préservation du climat depuis plus de 20 ans, Le groupe La Poste vient de réaliser une Analyse du Cycle de Vie (ACV) avec Quantis qui permet de tordre le cou à quelques idées reçues en termes d’impact. Explications avec Laure Mandaron, directrice de la RSE de La Poste Services-Courrier-Colis.

Publié le 09/11/2020 à 18:08, mis à jour le 09/11/2020 à 18:28.

LAURE MANDARON
© DR

Depuis quand La Poste est engagée dans la diminution de son empreinte carbone ?

Le groupe La Poste travaille sur le sujet de la préservation du climat depuis plus de 20 ans. Considérant nos 230 000 collaborateurs et le fait que nous parcourons l’équivalent de 50 fois le tour de la Terre par jour pour distribuer courriers et colis, notre feuille de route en termes de réduction de notre empreinte carbone se doit d’être ambitieuse. Nous avons également des défis à relever autour d’une logistique urbaine plus « Green » afin de préserver la qualité de l’air. Plus globalement, l’économie circulaire et l’optimisation de nos ressources sont des sujets prioritaires pour nous.

Un sujet d’autant plus actuel avec notamment l’augmentation du e-commerce ?

En effet, nous sommes actuellement à +30% de flux de colis supplémentaires versus novembre 2019, alors même que la peak period de fin d’année démarre à peine. L’enjeu pour nous est donc d’accompagner cette demande accrue du e-commerce, tout en optimisant l’empreinte environnementale de nos colis. Nous travaillons donc notamment à l’optimisation du chargement des colis, à la poursuite du déploiement de nos véhicules électriques, à l’écoconception des emballages de nos clients ou encore à l’optimisation du vide dans les cartons. Autant de sujets qui nécessitent de notre part de la pédagogie auprès de nos clients.

Le groupe La Poste est un acteur majeur de la communication en tant que diffuseur mais aussi au titre de prescripteur de campagnes auprès de ses clients. Vous avez réalisé une Analyse du Cycle de Vie (ACV) avec qui permet de tordre le cou à quelques idées reçues en termes d’impact...

Dans notre feuille de route stratégique, nous avons un engagement qui est d’œuvrer en faveur d’une communication plus éthique et responsable.

Etant à l’origine de la conception de supports de communication print ou numériques, ou bien en charge de leur acheminement, il nous fallait tout d’abord acquérir des connaissances sur la base de données environnementales fiables. C’est un sujet extrêmement complexe, au périmètre tout aussi large sur lequel nous avons travaillé avec le cabinet Quantis.

Nous avons ainsi établi 5 scénarios de campagnes de communication parmi les plus représentatifs des usages observés chez nos clients

Nous avons ainsi établi 5 scénarios de campagnes de communication parmi les plus représentatifs des usages observés chez nos clients. Cela concerne aussi bien des supports adressés comme des flyers, ou des publications non adressées que nous avons comparé à des communications dématérialisées pour lesquels nous avons certes évalué le rôle de La Poste, mais aussi tout l’écosystème concerné par de la fabrication et l’évolution de ces supports. Pour cela, nous avons dû établir toutes les étapes du cycle de vie des produits, à la fois des filières papier et numérique des supports étudiés et d’être en mesure de quantifier les impacts tout au long du processus, sur 16 domaines d’impacts environnementaux. Désormais La Poste va donc pouvoir partager les résultats de cette ACV avec tous les acteurs concernés et ainsi apporter des conseils pour améliorer l’écoconception des supports papier et numérique.

Vous allez donc être davantage dans un rôle de conseil ?

Il y a plusieurs finalités pour nous. Tout d’abord, tous les experts indépendants qui ont travaillé à nos côtés reconnaissent le manque de données dans ce domaine. Quantis a travaillé d’arrache-pied durant 18 mois sur ce projet, sachant que peu d’informations sont communiquées notamment de la part des acteurs du numérique.

le premier objectif a été d’acquérir de la donnée fiable, de la connaissance que nous partageons évidemment

Donc le premier objectif a été d’acquérir de la donnée fiable, de la connaissance que nous partageons évidemment. Cette étude a par ailleurs donné lieu à ce que l’on appelle des analyses de sensibilité. Nous avons fait varier les curseurs afin de regarder comment cela influe sur l’empreinte environnementale. Tout cela va permettre d’éclairer des choix et des décisions dans la manière de concevoir les campagnes de communication et de faire de la sensibilisation auprès des commanditaires.

Le secteur de la communication et de l’événementiel est consommateur de Save the Date, d’invitations, de formulaires d’inscription, etc. Que diriez-vous à nos lecteurs qui ont pour la plupart délaissé le papier ?

Cette analyse de cycle de vie montre que pour 4 des 5 scénarios étudiés le support papier est globalement moins impactant que son équivalent numérique et que la dématérialisation des supports est loin d’être sans impacts. Il y a dans cette étude des idées reçues qui sont battues en brèche - comme par exemple sur le stockage des factures - où des habitudes qui ont été prises en termes de durée de stockage ne vont pas dans le bon sens. Il ne faut pas partir du principe qu’un support digital est de fait moins polluant, mais il faut regarder au cas par cas chaque action de communication et identifier les leviers de réduction des impacts environnementaux à chacune des étapes du cycle de vie.

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