Entretiens

« Il faut travailler très en amont à l’éducation des jeunes aux médias »

A quelques jours de son intervention au Club Edouard VII le 25 mars, Frédéric Daruty, le président et directeur de la publication de 20 Minutes, fait pour nous le point sur l'actualité de la marque média. 

Publié le 16/03/2021 à 15:57, mis à jour le 18/03/2021 à 09:08.

Frédéric Daruty
© DR

20 Minutes va fêter ses 20 ans l’an prochain. Comment a évolué le média et la marque ?

Cela fait 2 ans et demi que j’ai pris la présidence de 20 Minutes. Il y a un travail assez poussé de digitalisation dont j’ai hérité et que j’ai continué de promouvoir. Nous avons mis en place une organisation pour partir d’un système de production de contenus digital first au sein de la rédaction, modèle qui était assez novateur à l’époque. Le développement des audiences, grâce à tous les leviers disponibles, font qu’aujourd’hui près d’un tiers de notre audience est SEO, 1/3 en provenance des réseaux sociaux et enfin 1/3 naturelle. Selon l’ACPM, notre audience est de 23 millions de lecteurs par mois et nous positionne parmi les tous premiers acteurs médias du numérique. Je souhaite insuffler un développement sur des nouveaux supports de narration, notamment la vidéo qui nous a permis de passer de 200 000 streams par jour à 2 millions sur l’ensemble des supports. Le modèle 20 Minutes a donc beaucoup évolué et suit les tendances en termes de modes d’information en étant présent sur les réseaux sociaux, la vidéo donc mais aussi l’audio qui connaît un fort développement.

Tout dernièrement, nous avons lancé 2 rooms sur Clubhouse, avec notamment un rendez-vous hebdomadaire dédié aux étudiants

Tout dernièrement, nous avons lancé 2 rooms sur Clubhouse, avec notamment un rendez-vous hebdomadaire dédié aux étudiants. Nous allons au-devant de nos lecteurs, selon leurs usages, en respectant notre précepte d’accessibilité.

Et votre lectorat, comment évolue-t-il ? Toujours composé de jeunes urbains actifs ?

En effet, le profil historique de notre lectorat reste le jeune urbain actif et sur le print cela reste très vrai puisque nous sommes concentrés sur Paris et 10 métropoles. Cela crée encore plus de proximité par rapport à ce périmètre urbain. La lecture de contenus courts et synthétiques, qui ne se prennent pas trop au sérieux, notre indépendance face aux grands groupes de presse avec un actionnariat industriel est aussi très apprécié de nos jeunes lecteurs. Le numérique nous apporte néanmoins un lectorat plus large géographiquement et générationnellement.

Comment s’est passée l’année 2020 pour le média ?  

Nous avons connu des périodes durant lesquelles nous avons arrêté de paraître comme lors du premier confinement puis nous sommes revenus assez progressivement. Le marché publicitaire a repris puis est arrivé le second confinement qui nous a forcé à ralentir le rythme mais sans interrompre les parutions. Les audiences numériques ont connu de leur côté des croissances majeures durant les périodes de confinement.

Que propose 20 Minutes en termes d’événementiel ?

Nous avons en effet organisé des événements et notamment le rendez-vous Visions fin 2019. Ce fut une grande journée dédiée à nos annonceurs et lecteurs pour parler des grands sujets de société, à travers notamment des débats animés par les journalistes de 20 Minutes. Visions est un pas vers la relation physique avec notre lectorat qui a été très bien perçu et nous a permis de nous frotter au sujet des events. Pour cette année nous sommes évidemment freinés dans nos décisions et attendons de connaître les périodes durant lesquelles nous pourrons réunir des audiences. Néanmoins, nous réunissons des plus petits groupes à travers le panel #MoiJeune qui interroge nos lecteurs pour prendre le pouls de sujets de société. Cela fait l’objet d’une étude un peu poussée que l’on mène avec OpinionWay et que l’on présente au marché 2 à 3 fois par an.

Vous intervenez au Club Edouard VII le 25 mars sur le thème « Une info : les news ne sont pas toutes fake ». Pourquoi cette thématique ? Pour rappeler l’importance des médias et des journalistes ?

C’est un sujet qui compte en effet énormément pour 20 Minutes car en tant que média gratuit nous devons être encore plus vigilant sur nos contenus et la vérification de l’information. Historiquement, 20 Minutes est labellisé par L’International Fact-checking Network et nous sommes très attentifs à ces sujets. Ce qui nous tient à cœur c’est que l’information, fondamentale pour l’éducation et l’éveil, ou pour faire propre opinion dans la société ne soit pas manipulée par des groupes sur les réseaux sociaux.

Il faut pouvoir expliquer et accompagner les lecteurs dans leurs recherches, mettre en évidence les contenus en qui ils peuvent avoir confiance

Il faut pouvoir expliquer et accompagner les lecteurs dans leurs recherches, mettre en évidence les contenus en qui ils peuvent avoir confiance. Rappelons que chez 20 Minutes il y a vraiment des journalistes qui travaillent et vérifient ce qu’ils publient. Le phénomène de la désinformation et de la mésinformation est aujourd’hui très dangereux. Il faut travailler très en amont à l’éducation des jeunes aux médias. Nous le faisons avec nos moyens dans le cadre d’un programme sur Snapchat qui s’appelle « Oh My Fake » et aide à décrypter un événement en se posant les bonnes questions par rapport à ce que l’on voit.

La crise Covid a pourtant renforcé la crédibilité des médias !

En effet, la crise sanitaire a généré un véritable besoin d’information de la part des citoyens. Dans des conditions de défiance et de craintes par rapport au contexte, les médias classiques ont connu quantitativement des audiences assez fortes pendant la période du confinement avec finalement une confiance qui s’est réinstallée. Nous en avons tiré un bénéfice mais c’est un travail au long cours, aussi il faut travailler encore plus avec les gros acteurs du digital et les réseaux sociaux qui sont des points de trafic récurrents. De manière générale, le format classique print+web est un peu révolu car on doit désormais rayonner sur tous les supports. Après, demeure la question du modèle économique.

Comment voyez-vous la marque 20 Minutes évoluer ?

Nous travaillons à l’accélération de la digitalisation pour être au plus près des nouveaux usages. Nous avons sorti une nouvelle version du journal numérique et prochainement nous engagerons la refonte de notre site web pour être plus performant du point de vue expérience utilisateurs mais aussi performances SEO.

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