L’édito

Petite histoire du grand confinement de l’événementiel… et de sa sortie.

16 Mars. Sans le savoir l’événementiel faisait sa révolution sanitaire. Improbable, intense et qui laisserait des séquelles importantes. Au début, l’anéantissement. Les syndicats (UNIMEEV, L’EVENEMENT, …) s’agitaient avec courage et talent pour faire reconnaître l’impact de la pandémie sur une industrie sidérée. Merci à eux. Les organisateurs, incrédules, déplaçaient leurs events de semaine en semaine, de mois en mois avant de changer de formats. Les agences faisaient, défaisaient, refaisaient.

Par Xavier Dordor, publié le 17/06/2020 à 16:00, mis à jour le 04/11/2020 à 19:10.

Edito : Petite histoire du grand confinement de l’événementiel… et de sa sortie, Xavier Dordor
© Matthias Wagner

Histoire des reports/ annulations 

Observatoire (quasi) exhaustif des events des médias, de la com et du digital, MyEventNetwork, changeait les calendriers pour la newsletter hebdomadaire puis très vite en temps réel sur le site, au vu de l’ampleur et du rythme des changements. Mars fut le mois des reports d’avant été, le mois de juin devant être l’Eldorado : on ne comptera pas moins en mars de 32 décisions de reports, de 3 annulations et déjà de 2 transformations immédiates en web conférences. Avril fut le mois des reports d’automne et des annulations toujours : le réalisme s’imposait, sonné par les annonces de Cannes (Festival & Lions), de Roland Garros, et la volte-face de VivaTech. Avril : 27 reports d’après été et 6 annulations… certains afficheront 3 dates avant de sombrer.

Le webinar, bad boy du confinement 

Parallèlement, on a assisté à l’émergence du webinar. Il ne s’agit pas d’une apparition, le format existait déjà sans grande vivacité. Il était perçu comme un avatar. Devenu la norme par contrainte, il allait s’émanciper. Le webinar n’a pas été tant la transformation des events précédents qui se seraient digitalisés que la création par opportunité de nouvelles prises de paroles. Les agences n’ayant plus guère de clients actifs ont utilisé ces nouveaux formats pour séduire des prospects bercés par la magie du tout numérique. Les organisateurs de salons ou d’events ont occupé le terrain par des formats réduits pour ne pas être dépassés. Les sociétés de AdTech ont vite compris que le digital et les webinars étaient les meilleurs outils de ventes de leurs solutions techniques. Et le confinement a été le meilleur agent de propagande du partage d’écran avec toutes ses limites formelles. Parlons chiffres : la rédaction dénombrait 78 webinars en avril et 109 en mai. Record hebdo : 42 la dernière semaine de mai ! 

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Graphique Webinars

 

Pour faire simple, on dénombrait autant de webinars par semaine que de conférences par mois dans le monde d’avant 

: dont plus de 50% étaient des présentations de solutions, en langage clair des démos. L’encombrement était à son comble : le mardi et le jeudi concentraient 32 et 37% des events (voire 44% le jeudi si on neutralise la semaine de l’ascension) ! Conséquence évidente : la chute des taux d’audience et le développement des comportements d’escape des abandonnistes trop nombreux.

Bien sûr #HubForum, #Kantarsolutions, #AdobeSummit et quelques autres réalisaient des cartons d’audience ( 500 à 1000 participants, …). La raison ? La construction de leurs web conférence multi-formats alternant interviews, keynotes, panels bien formatés, rythmés et designés. Leur secret ? Ils savaient que produire à ce niveau demandait un investissement et ils l’acceptaient.

Le mot clé de l’avenir des web conférences était pour certains l’hybridation ! Lancé entre autres par MyEN, il désigne des web conférences mixant présentiel et distanciel. Puis le présentiel se raréfiant, l’hybridation se concentrait peu à peu sur le plateau TV en live innervé par des apports distanciés qui permettaient d’éviter le face à face quelque peu lassant des fenêtres juxtaposées du webinar. C’est la voix royale aujourd’hui envisagée par les meilleurs, avec une volonté de scénarisation et la contribution de réalisateurs de TV ou de cinéma.

Les innovations gagnent aussi les rythmes et les durées : matinée, afterworks (depuis la reprise), journée, 24h, semaines… tous les coups sont permis pour créer la surprise, car le simple webinar a usé les écrans.  Continuons à inventer pour conserver l’émotion. Conservons l’hybridation car elle ouvre de nouvelles voies, mais observons le cadre réglementaire

Sortie de crise, sortie en salle ?

L’Ile de France devient zone verte depuis 3 jours et c’est toute la métropole qui verdit. Mais tout n’est pas clair pour autant. Les foires et salons (ERP de type T) restent interdits mais les conférences dans des espaces privés (ERP de type L) sont autorisées si on en respecte les règles de distanciation, bien sûr. Autrement dit : un summit de 200 personnes dans une salle de 400 est possible, a priori.  Attention si vous mettez quelques ilots « One to One », c’est limite. Les conventions de rentrée peuvent avoir lieu. Sous contrôle, sous respect des règles, mais ça sent bon ! 

Peu à peu, la réglementation va se libérer. C’est sûr (ou alors ce sera un très mauvais signe de retour de la pandémie). Maintenant, la véritable variable du succès du présentiel restera l’attitude du public et en b2b, celle des dirigeants d’entreprises ! Les grands groupes, notamment anglo-saxons, vont- ils accepter que leurs cadres prennent le micro ou participent à des events autorisés dans des conditions safe ? Le succès des Napoleons à Roland Garros sera un test. Allez soyons positifs ! 

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