L’édito

Finale de la Ligue des Champions : histoire d’un crash-test événementiel raté ?

Samedi soir dernier sur nos écrans, l’affiche était tout d’abord pelouse verte contre tapis rouge, avec deux événements à résonance internationale, exposant la destination France sous le feu des projecteurs. Et j’ai beau être une adepte de football, j’avoue que mon choix s’est porté sur la cérémonie du 75e Festival de Cannes et non sur la finale de la Ligue des Champions opposant Liverpool et le Real de Madrid. Côté Croisette, rien à signaler, si ce n’est une cérémonie épuisant le téléspectateur à force de remerciements interminables. Mais ceci est un autre débat. Côté Stade de France, ce fut une toute autre histoire dont vous connaissez déjà les tenants mais pas encore tous les aboutissants, l'histoire virant à la saga sur fond d'enjeux politiques. 

Par Laurence Rousseau, publié le 01/06/2022 à 15:52, mis à jour le 01/06/2022 à 20:03.

Finale de la Ligue des Champions : histoire d’un crash-test événementiel raté ?
© Unsplash

Organisation défaillante et non-coordonnée, délai de 3 mois pour accueillir un événement qui nécessitait 4 fois plus de temps en amont, mauvaise gestion des flux, cumul des vrais / faux / sans billets, grève du très célèbre RER B, vols de supporters, intervention diligentée des forces de l’ordre, etc. Bref, un combo totalement perdant et une catastrophe en termes d’image qui n’a fait heureusement que pour seule grosse victime notre destination « terre d’événements ». Et je mets de côté un english-bashing dont nous avons le secret, qui nous ferait presque oublier que nous aimons malgré tout les Britanniques quand ils viennent consommer et remplir nos hôtels et restaurants.

Un emballement médiatique et moult commentaires plus tard, allant de la conversation de comptoir aux observations plus éclairées, une autre question s’est imposée : la France est-elle capable d’organiser la Coupe du monde de rugby 2023, et surtout les JO de Paris 2024, dans des conditions de sécurité et de sûreté nécessaires ? Car si cette finale de la Ligue des Champions était bel et bien un crash-test dans l’optique des deux prochaines compétitions, le résultat est réussi. Cette débâcle est en effet riche d’enseignements en termes de billetterie – les solutions innovantes de dématérialisation ne manquent pas – de gestion des flux et des transports ou encore d’un nécessaire changement de doctrine sur la gestion des supporters qu’il faut accompagner et non réprimer.

Aussi, sommes-nous prêts pour 2024, alors que de nombreuses voix s’élèvent pour en douter et s’alarment du manque de ressources événementielles et de leur niveau de formation ? La réponse est (presque) oui – la France et Paris en particulier l’ont démontré à de multiples occasions par le passé – à condition de ne pas lésiner sur les moyens, de recruter vite (plus aisé quand on s'appelle le COJO Paris 2024) et de bien former.

Nul doute d’ailleurs que le sujet reviendra sur le devant de la scène lors de la Coupe du monde de football au Qatar de cet hiver. Une aberration écologique déjà écrite. Enfin, derrière tous ces sujets, émerge un autre questionnement : à l’heure de la nécessaire transition écologique, est-il encore supportable d'organiser à l’identique ces événements XXL et d’assister pour l’occasion à une transhumance de fans et supporters ? Je pose ça là, mais il va bien falloir y apporter de véritables réponses...

À lire aussi