L’édito

Certification ISO 20121 : carton rouge pour la FIFA 2022

Au pays du sport business, on a le jeu de jambes fluide et rapide pour atteindre son but. Parfois en jouant aussi des coudes, taclant au passage quelques règles élémentaires propres à l’éthique du sport. Sans oublier la stratégie, cette indispensable tactique qui vous mène tout droit vers la gagne ! 

Par Laurence Rousseau, publié le 06/07/2022 à 12:19, mis à jour le 06/07/2022 à 17:50.

Certification ISO 20121 : carton rouge pour la FIFA 2022
© DR

Sur la planète football, la FIFA ne laisse ainsi pas d’étonner par sa formidable maitrise du jeu et ses excellents résultats. Particulièrement depuis 2010 avec l’attribution par celle-ci de la prochaine Coupe du monde de football au Qatar et le changement de calendrier engendré. 

12 ans plus tard, en pleine crise climatique et énergétique, on se dit a minima que « c’est pas bien raisonnable tout ça, mais bon… le foot c’est sacré ! » ou bien on crie au boycotte d’un projet qui tentera de porter le soft power du Qatar à son paroxysme. De quoi vous écoeurer de l’événementiel sportif ! 

Parlons d’événementiel justement et arrêtons-nous un instant sur l’attribution de la certification ISO 20121 à la FIFA World Cup Qatar 2022 LLC, en charge de l’organisation de la compétition. Annoncée la semaine dernière, l’information aura ému, et je pèse mes mots, plus d’un organisateur et professionnel des events. Petit rappel historique pour les non-initiés, si besoin. La norme ISO 20121 a pour objectif d’aider les organisations à intégrer les principes de développement durable dans leurs activités liées aux événements. Créée à l’occasion des J-O de Londres de 2012, cette norme a depuis servi de fil conducteur à une toute filière événementielle soucieuse de bien faire. De progresser et de s’améliorer au bénéfice de tous. Depuis plusieurs années donc, agences events, traiteurs, lieux réceptifs, prestataires techniques, destinations, organisateurs se mobilisent pour obtenir ce précieux sésame, gage d’une démarche durable. Un engagement qui leur coûte financièrement, mais aussi en temps et en ressources internes. Reste que l’ISO 20121 demeure avant tout un outil pour faire de la gestion de projets RSE. Un moyen et non un résultat. De toute évidence, cela ne suffit pas. 

A considérer les seuls critères d'attribution de cette norme, l’organisme certificateur qui a traité le dossier de la Coupe du monde de football n'est donc pas hors-jeu. Restent la mort de 6 500 travailleurs migrants morts * sur les chantiers d'infrastructures (non prises en compte par l'ISO 20121), des stades climatisés dont la seconde vie est plus qu'improbable, et des déplacements de supporters en très grand nombre. Une aberration écologique couplée d'une belle opération de green washing pour la FIFA et le Qatar. On ne va pas refaire le match mais personne n’est dupe. Quant aux pros de l’événementiel qui ont l’impression d’être les cocus de cette histoire - et on comprend leur émotion - qu'ils se rappellent qu'ils ont raison d'aller dans le sens de l'Histoire.   

*selon Amnesty international et une enquête du Guardian du 6 mars 2021 

À lire aussi

Image
Il y a toujours un plan B

Il y a toujours un plan B

J-100. La flamme olympique s’est allumée en Grèce, acte symbolique et dernière ligne droite d’une...